8 mai 1945: Les mots de Macron, sans les excuses que l'Algérie réclame
- cfda47
- 9 mai
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Macron évoque les “violences” de Sétif et Guelma dans son discours du 8 mai 2025, mais refuse toujours de reconnaître la responsabilité de la France dans ces exactions qui ont fait des milliers de victimes algériennes. Une position qui maintient le statu quo mémoriel entre Paris et Alger.
Alors que la France commémorait ce 8 mai 2025 le 80ème anniversaire de la victoire sur le nazisme, le président Emmanuel Macron a marqué les esprits en évoquant dans son discours les tragiques événements qui se sont déroulés simultanément en Algérie. Le chef de l'État a cité nommément “les violences et les massacres” survenus à Sétif, Guelma, Kherrata et Bejaïa, rappelant ainsi cette page sombre de l'histoire coloniale française.
Cette mention, intervenant lors d'une cérémonie hautement symbolique, constitue un geste significatif mais qui reste en deçà des attentes de nombreux observateurs et associations mémorielles, tant en France qu'en Algérie.
Si le président français a bien évoqué ces événements tragiques dans son allocution, il n'a pas pour autant franchi le pas d'une reconnaissance officielle de la responsabilité de l'État français dans ces massacres qui ont fait, selon les historiens, entre 6.000 et 45.000 victimes algériennes.
Cette position s'inscrit dans la continuité d'une ligne diplomatique française qui, depuis des décennies, reconnaît la souffrance des victimes et l'ampleur de la tragédie, sans jamais assumer pleinement la responsabilité directe de la France dans ces exactions. En 2005 déjà, l'ambassadeur de France en Algérie avait qualifié ces événements de “tragédie inexcusable”, sans que cette déclaration ne soit suivie d'excuses officielles ou d'une reconnaissance formelle.
Un dossier mémoriel toujours en attente
Côté algérien, les attentes restent fortes et la déception palpable. Plusieurs médias et personnalités politiques algériennes ont souligné ce qu'ils considèrent comme un “déni structurel” de la part de la France. Le président Abdelmadjid Tebboune a d'ailleurs rappelé, à l'occasion de cette commémoration, que “le dossier de la mémoire ne sera jamais relégué à l'oubli et au déni.”
La question mémorielle demeure ainsi un point sensible dans les relations franco-algériennes, régulièrement marquées par des tensions diplomatiques. Des parlementaires français se sont d'ailleurs rendus en Algérie pour cette commémoration, dans une tentative de renouer le dialogue entre les deux nations.
Pour de nombreux historiens et associations, le chemin vers une véritable réconciliation passe nécessairement par une reconnaissance explicite des crimes commis durant la période coloniale. Cette position, défendue par Emmanuel Macron lorsqu'il avait qualifié en 2017, alors candidat, la colonisation de “crime contre l'humanité”, ne s'est pourtant pas traduite par des actes concrets depuis son accession à la présidence.
Le 80ème anniversaire de ces massacres constituait pourtant une occasion symbolique pour avancer sur ce dossier mémoriel. Si les mots du président français marquent une certaine évolution dans le discours officiel, ils illustrent également les limites que la France continue de s'imposer face à son passé colonial.
En cette année 2025, alors que les témoins directs de ces événements disparaissent peu à peu, la question de la reconnaissance officielle reste entière, laissant en suspens un chapitre douloureux de l'histoire partagée entre la France et l'Algérie.
Sophie K.
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