
Le procès très attendu de l'ex-ministre algérien de la Défense, le général Khaled Nezzar, devant la justice suisse pour crimes contre l'humanité, n'aura finalement pas lieu. Ce haut gradé de l'armée, figure emblématique du régime algérien des années 1990, est décédé ce vendredi à l'âge de 86 ans à Alger.
Poursuivi depuis 2011 par le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone à la demande de victimes algériennes, Khaled Nezzar devait comparaître en juin 2024 pour répondre d'accusations de « torture, traitements inhumains, détentions et condamnations arbitraires» ainsi que d'«assassinats». Des crimes qu'il aurait commis ou ordonnés entre 1992 et 1994, alors qu'il était chef d'état-major de l'armée puis ministre de la Défense.
Sa mort met un terme définitif à ce procès qui promettait d'être retentissant et symptomatique des violences de la « décennie noire » en Algérie. Le régime algérien avait vivement protesté contre cette procédure judiciaire helvétique visant l'un des principaux responsables de la sanglante répression des émeutes d'octobre 1988 (plus de 500 morts) et de la guerre civile des années 1990.
Ministre de la Défense sous le président Chadli
Né en 1937 à Batna, Khaled Nezzar intègre l'armée algérienne dès son indépendance en 1962. Il gravit rapidement les échelons et accède au poste de chef d'état-major de l'Armée nationale populaire entre 1988 et 1990.
C'est à cette période qu'éclatent de violentes émeutes populaires, violemment réprimées par le régime. Le bilan officiel fait état de plus de 500 morts. Khaled Nezzar est alors considéré comme l'un des principaux donneurs d'ordre de cette sanglante répression.
Quelques mois plus tard, il est nommé ministre de la Défense par le président Bendjedid, poste qu'il occupe jusqu'en 1993. Son passage au gouvernement est marqué par l'interruption du processus démocratique en 1992 et le déclenchement de la sanglante guerre civile algérienne.
SOPHIE K.
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