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Actes de torture: L’étudiant "Walid Nekkiche" devant la cour d’Alger pour son procès en appel


Arrêté le 26 novembre 2019, avant le début de la marche des étudiants, la fouille de son téléphone ne donnant rien, les forces de l'ordre, l’embarquent. Walid Nekkiche, étudiant à l’époque, a été condamné en première instance, le 1Er février 2021, à 06 mois de prison ferme et il a été libéré après avoir passé 14 mois de détention provisoire. Toutes les charges criminelles ont été abandonnées.



C’est presque deux années passées, jour pour jour, depuis la déclaration fracassante du détenu d’opinion, l’étudiant Walid Nekkiche, confondant ses bourreaux en pleine audience au tribunal criminel de première instance de Dar El Beidha, wilaya d’Alger.



Face au même décor si ce n’est plus pire, ou l’arbitraire a atteint son paroxysme, la terreur imposée comme mode de gouvernance et ses tortionnaires courent toujours des jours meilleurs jouissant de l’impunité, Walid Nekkiche se présente aujourd'hui devant la cour d’Alger (Ruisseau) pour son procès en appel.



Le 1er février 2021, il a été condamné en première instance, rappelons-le, à 06 mois de prison ferme et il a été libéré après avoir passé 14 mois de détention provisoire. La cour n’avait pas suivi le parquet, qui avait requis la perpétuité. Toutes les charges criminelles ont été abandonnées et il n’a été condamné que sur la base de « ses impressions » retrouvées sur son cahier intime confisqué.


La genèse de l'affaire:


Walid Nekkiche a été arrêté le 26 novembre 2019, un mardi et peu avant le début de la marche des étudiants. La fouille de son téléphone n’a rien donné, surtout rien ce qu’il pouvait constituer la trappe d’un scénario en préparation. Les flics poussent la fouille pour se saisir de son cahier intime se trouvant dans son sac. Ils l’embarquent et vers des lieux, des nomad’s land ou rien ne lui appartient, même pas son corps. Et ou le viol de l’intimité fait partie de la pratique courante, déshumanisante pour le bourreau dans une tentative de domestication de la victime et dans un rapport de domination.


Au commissariat de Bab El Oued, un officier de police lui fait déjà « la confidence » en lui promettant l’enfer : « tu sortiras d’ici engrossé », témoigne Walid il y a quelques jours dans sa page Facebook en affirmant qu’il croyait que cette vulgarité n’avait pas de place à l’intérieur « des institutions de la République ».


Il sera livré le jour même aux éléments de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) dont le centre opérationnel jouissant de la mission de Police Judiciaire est dénommé Antar et situé à Ben Aknoun.


Cette mission leur a été attribué au début du Hirak sur la base d’une loi, instruite par Gaid Salah et assumée, proposée et promulguée par Zaghmati. Le scénario est fin prêt et il faudra donc lui arracher des aveux.


Le soir même, la chaîne de télévision Al Hayat, appartenant à Habet Hannachi, qui reçoit sur son plateau, l’ancien agent de DRS ayant sévi à Antar, Yacine Merzougui, présenté comme expert économique, nous apprend que « la police a arrêté un étudiant appartenant au MAK et en lien avec des parties étrangères qui filmait le dispositif des services de sécurité afin de commettre des attentats le jour du scrutin du 12 décembre 2019 ».



La précaution est prise, le nom de l’étudiant en question n’a pas été divulgué. Coïncidence ou hasard de calendrier, le vrai faux largage des armes à Cap Sigli, wilaya de Béjaia, a eu lieu également le 12 décembre 1978.


Yacine Merzougui est à son tour devenu patron d’une télé, Al Salem, et membre de la société civile de Teboune à la tête de plusieurs sigles d’associations ayant présentées des candidats à la dite élection législative.


Walid Nekkiche, subira pendant six jours à l’intérieur de la caserne Antar les sévices les plus abjects, dont le viol. Il sera présenté sans informer ni sa famille ni les avocats le 02 décembre 2019 devant le procureur près du tribunal de Bab El Oued puis devant le juge d’instruction, qui décide de le placer sous mandat de dépôt à El Harrach.


L’étudiant les informe successivement de la torture dont il était victime dans la caserne Antar. Ils sont restés de marbre : ces actes d’un autre âge ne les révoltent plus, ils sont au service d’un système qui se défend, comme le colonialisme, par la pratique torture.


C’est au bout d’un mois que sa famille retrouve ses traces grâce à un détenu d’opinion alertant ses proches sur son état de détresse. Il recevra ainsi une première visite d’un avocat du collectif de soutien au Hirak.


Lors de son audition dans le fond, le 10 mars 2020, il répétera devant le juge d’instruction près du tribunal de Bab El Oued ce qu’il avait traversé et ce qu’il avait vécu à Antar. Les avocats demandent une expertise médicale qui ne sera pas accordée.


Une plainte sera déposée, le 23 juillet 2020, enregistrée sous le numéro 096 94/20, par Me Nacera Haddouche, pour actes de torture et aveux soutirés par la torture, sous la contrainte physique et psychologique.


Versée dans le dossier comme la demande d’expertise médicale, la plainte ne sera prise en compte jusqu’aux déclarations de Walid lors de son procès. Cette plainte est toujours pendante au sein du Comité International Contre la Torture auprès de l’ONU.


Les autorités algériennes ont été déjà saisies et des recommandations de précautions et de protection de la victime leur ont été communiquées. Elles ont été également rappelées à tenir leurs engagements internationaux en traduisant les auteurs de ces crimes de torture devant une juridiction civile et en protégeant l’intégrité physique et morale de la victime.


Les autorités algériennes ont essayé au début de gagner du temps et laisser traîner.


Parallèlement, des « facilitateurs » de la DGSI ont tenté d’acheter le silence de Walid Nekkiche, qui a révélé publiquement leur identité et dénoncé leur stratagème.


Après l’échec de cette tentative de marchandage et de le condamner au silence, la plainte a repris son cours et Walid a été entendu comme victime par le juge d’instruction.

Cette volonté sera mise aujourd'hui à l’épreuve et l’occasion à la justice de montrer sa bonne foi, de respecter la constitution, ses engagements internationaux et les conventions ratifiée, en rejetant d’emblée tous les aveux soutirés sous la torture.


Si seulement à cette condition qu’on puisse espérer que la torture sera punie et bannie.






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