Des experts des Nations Unies ont exhorté la Cour d’appel algérienne à annuler la condamnation de la poétesse Djamila Bentouis, militante du mouvement Hirak, incarcérée depuis juillet dernier. Selon eux, les accusations portées contre elle visent à museler l’expression artistique et à dissuader la population de participer au débat public.
Djamila Bentouis, condamnée à deux ans de prison et à une amende de 100 000 dinars algériens, est poursuivie pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression par ses poèmes et chants patriotiques. Ses œuvres, qui ont résonné parmi les manifestants du Hirak, un mouvement de contestation socio-politique né en 2019, sont partagées massivement sur les réseaux sociaux et largement applaudies par la communauté algérienne, notamment à Paris, où elle récite ses poèmes.
Les experts de l’ONU dénoncent une tentative d’intimidation de la part des autorités algériennes. Ils rappellent que des accusations initiales pour atteinte à la sécurité de l’État et appartenance à une entité terroriste visent à réprimer non seulement Mme Bentouis, mais également la liberté d’expression en Algérie. La condamnation, selon les experts, menace non seulement la culture artistique, mais aussi l’ensemble de l’espace civique algérien.
Les experts espèrent que l’Algérie se conformera à ses obligations internationales en matière de droits humains lors de la décision en appel prévue pour le 2 octobre prochain. Ils demandent à ce que la poétesse soit innocentée de toutes les charges pesant contre elle.
Pour rappel, Djamila Bentouis, âgée de 60 ans et mère de trois enfants, est arrivée en Algérie depuis la France pour faire ses adieux à sa mère mourante. À son arrivée à l’aéroport d’Alger le 25 février, elle a été interrogée, et cela s’est répété au cours des jours suivants. Le 3 mars, elle a finalement été placée en détention, comme l’a annoncé la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) sur sa page Facebook. Le Comité national pour la défense des détenus (CNLD) a également confirmé son arrestation.
Le 13 mars, son incarcération a été officialisée, avec des accusations graves pesant contre elle, notamment “appartenance à une organisation terroriste active à l’intérieur et à l’extérieur du pays”, “atteinte à la sécurité et à l’unité nationale”, ainsi que “l’incitation à un attroupement non armé”.
La rédaction