Le délibéré était très attendu dans l’affaire opposant le chercheur Raouf Farrah, le journaliste Mustapha Bendjama et Habes Mountaha à la justice algérienne. Ce 26 octobre, après des mois de rebondissements, la cour d’appel de Constantine a finalement tranché. Si elle confirme les peines de prison, elle libère néanmoins deux des accusés.
C’est d’abord un soulagement pour Raouf Farrah. Condamné en première instance à deux ans de prison ferme, le chercheur en géopolitique voit sa peine réduite à 8 mois ferme et 12 mois avec sursis. Ayant déjà effectué 8 mois de détention provisoire, il peut donc quitter le palais de justice en homme libre, et retrouver les siens ce soir après des mois éprouvants.
Même issue favorable pour son ex-codétenue Habes Mountaha. Ancienne cadre de la société publique Asmidal, elle était elle aussi emprisonnée depuis juin. Sa condamnation passe de 8 à 6 mois ferme, lui permettant de recouvrer immédiatement la liberté.
Mais ce n’est pas encore le cas du journaliste Mustapha Bendjama. Condamné aux mêmes 8 mois ferme et 12 mois avec sursis, il reste néanmoins incarcéré, faisant l’objet d’un mandat de dépôt dans une autre affaire. Son procès distinct est prévu dans quelques jours, le 31 octobre. D’ici là, ses confrères se mobilisent et dénoncent son maintien en détention comme une atteinte supplémentaire à la liberté de la presse.
Si Raouf Farrah et Habes Mountaha sont provisoirement libérés, leurs avocats ont fait savoir qu'un recours en cassation serait déposé prochainement devant la Cour suprême pour contester ces condamnations. Car pour de nombreux observateurs, ce procès ciblait avant tout des voix critiques du régime algérien. Les accusés clament leur innocence et dénoncent un « acharnement politique » à leur encontre.
Même si l'issue judiciaire semble momentanément fixée, cette affaire pose plus largement la question de la liberté d'expression en Algérie. Les procès à répétition visant journalistes, militants et universitaires sont perçus par beaucoup comme une volonté de museler toute critique. Le combat pour les droits fondamentaux est donc loin d'être terminé, selon les défenseurs des accusés. La bataille judiciaire est peut-être finie, mais la mobilisation pour les libertés ne fait que commencer.
Sophie K.