Hier, le tribunal d'El Harrach, à Alger, a été saisi de deux affaires opposant deux clients à Fiat-Algérie pour le non-respect de la livraison de leurs commandes de véhicules neufs depuis une année.
À l’instar de dizaines de milliers d’Algériens qui ont été ravis de pouvoir enfin acquérir un véhicule neuf auprès de « constructeurs » tels que Fiat ou de divers concessionnaires, ces deux plaignants ont vécu un véritable calvaire d’attente et de va-et-vient depuis juin 2023.
En effet, ils ont passé commande en juin 2023 avec une promesse écrite de livraison dans un délai de deux mois et demi. Cependant, à la date prévue, la maison Fiat a encore rallongé le délai de cinq mois supplémentaires.
Utilisant un subterfuge commercial pour gagner du temps, Fiat a informé ses clients que les véhicules étaient disponibles, mais uniquement dans une autre couleur. Le constructeur a alors demandé aux clients d’opter pour un autre coloris tout en exigeant le paiement intégral de la commande.
Malheureusement, pris dans ce piège commercial, les clients se sont pliés à toutes les exigences du constructeur sans pour autant recevoir leur véhicule.
Face à cette situation, les clients se sont retrouvés dans une impasse et n’ont eu d’autre choix que d’entamer des procédures judiciaires contre la maison Fiat pour réclamer le remboursement de leur argent bloqué depuis un an, accompagné de dédommagements.
Le tribunal d’El Harrach a pris une mesure inédite en ordonnant une médiation judiciaire par l’intermédiaire d’un expert désigné par la justice. Cette procédure, nouvelle dans la législation algérienne, vise à désengorger les tribunaux. En cas de désaccord entre les parties en conflit, le tribunal reprendra l’affaire en appliquant la loi en vigueur.
Il est intéressant de noter que ces cas ne sont pas isolés, car pas moins de 20 000 plaintes ont été déposées auprès des tribunaux contre les constructeurs et les concessionnaires.
Le mois dernier, le ministre de l’industrie Ali Aoun a même suggéré aux clients mécontents d’ester en justice les concessionnaires récalcitrants.
Pendant ce temps, Fiat-Algérie envoie des courriers officiels à ses clients pour leur annoncer qu’elle ne peut pas honorer définitivement leurs commandes, tout en lançant simultanément une campagne publicitaire à grande échelle pour promouvoir le lancement d’une deuxième ligne de production.
Cette situation soulève des questions importantes sur les droits des consommateurs algériens et leur droit d’acquérir dignement un véhicule.
Il est indéniable que la politique commerciale et industrielle de l’automobile a subi un échec cuisant.
De plus, il est crucial de prendre en compte que le marché algérien a un besoin pressant d’un million de véhicules, tous types confondus.
Cette crise révèle des lacunes importantes sur la gestion du secteur automobile en Algérie et la nécessité d’adopter des mesures efficaces pour répondre à la demande croissante des consommateurs.
Yacine M