Le collectif d'associations pour les droits des femmes tire la sonnette d'alarme : les violences faites aux femmes ont tendance à augmenter de manière alarmante chaque année en Algérie.
Selon les derniers chiffres officiels, le nombre de cas rapportés a bondi de 16% entre 2019 et 2022. Les associations estiment que les chiffres réels sont encore plus élevés, de nombreuses victimes n'osant pas porter plainte.
Pourtant, selon ces associations, «la volonté politique s'est exprimée » à travers des actions concrètes ces dernières années : «mise en place d'une stratégie nationale de lutte contre les violences faites aux femmes, d'un numéro vert, de l'ouverture de deux centres d'accueil à Mostaganem et Annaba, la formation des policiers à la prise en charge des victimes et l'accueil humanisé des services de médecine légale.»
De leur côté, les associations mènent également des actions cruciales sur le terrain : écoute, hébergement d'urgence, accompagnement psychosocial et juridique des victimes.
Cependant, ces actions aussi pertinentes soient-elles, manquent encore de coordination selon les associations. Résultat : un parcours du combattant pour les victimes et un taux de plainte qui reste très faible (moins de 18% selon les estimations).
L'urgence d'un guichet unique pour plus d’efficacité
Face à ce constat, la création d' «un guichet unique pour fédérer et coordonner tous les efforts existants» apparaît donc comme «l'urgence» prioritaire aux yeux de ces associations. C'est pourquoi une quinzaine d'entre elles, «assistées de personnes ressources», ont constitué une coalition chargée d'élaborer «un mémorandum pour la mise en place d'un guichet unique destiné aux femmes victimes de violence ».
L'objectif ? « Mettre en synergie les dispositifs et moyens disponibles » au niveau institutionnel et associatif afin de «rationaliser et optimiser l'efficience et l'efficacité de la prise en charge des femmes victimes de violences », expliquent les associations.
Après validation, ce mémorandum a été remis aux plus hautes autorités de l'État ainsi qu'à diverses institutions comme le Conseil national des droits de l'Homme ou l'Observatoire de la société civile. L'enjeu est désormais d'obtenir « leur soutien, leur adhésion et leur appropriation d'une action qui s'inscrit dans le processus de réparation d'une violation extrême d'un droit fondamental ».
Selon les associations à l'origine du projet, sa mise en place pourrait faire baisser de moitié le nombre de femmes renonçant à porter plainte.
Sophie K.
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