Le tribunal de Béjaïa, à l’Est du pays, a prononcé jeudi de lourdes peines de prison à l'encontre de Lamine Medouren et de quatre autres personnes impliquées dans un projet avorté de documentaire intitulé “Je suis laïc algérien”.
Lamine Medouren, cinéaste amateur de 30 ans, écope de 5 ans de réclusion ferme. Ses coaccusés écopent d'un an ferme et seront libérés le 5 mars prochain. Des peines assorties d'amendes salées et de privation des droits civiques ont également été prononcées, rapporte le site Al Hogra.
Ces sanctions draconiennes sanctionnent la réalisation sans autorisation d'un film traitant d'un sujet sensible, « le financement du projet par une fondation étrangère » et « des liens supposés avec une organisation indépendantiste » classée terroriste par Alger.
Arrêtés il y a un an puis placés en détention provisoire, les accusés nient cependant farouchement toute velléité subversive. Ils affirment que leur documentaire avait une visée purement philosophique et entendait promouvoir la liberté de conscience dans le respect de la loi.
En vain. Pour le parquet qui a requis 10 ans d’emprisonnement, le verdict ne souffre d'aucune indulgence, même si les versions divergent sur le degré d'implication des mis en cause. Cette affaire illustre une fois de plus la grande nervosité du régime face à toute initiative jugée critiquable, fût-elle culturelle ou artistique.
La lourdeur des sanctions tranche singulièrement avec les peines habituellement prononcées pour des actes autrement plus répréhensibles. Elle témoigne de la frilosité des autorités dès qu'il s'agit d'aborder certains sujets sociétaux encore tabous.
Sophie K.
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