Saad Bouakba est poursuivi pour «incitation à la haine» et «publication de nature à nuire à l'intérêt national», après la publication en février dernier sur le site El Madar TV d'un texte concernant les habitants de la wilaya de Djelfa. Même peine requise contre le responsable du média en question.
Le journaliste et chroniqueur algérien Saad Bouakba risque gros pour avoir simplement exercé son métier. Le procureur de la République a requis à son encontre une peine très lourde de 5 ans de prison ferme ainsi qu'une amende de 500 000 dinars, pour une chronique publiée il y a quelques mois. Le verdict sera rendu le 18 octobre.
M. Bouakba est poursuivi pour « incitation à la haine » et « atteinte à l'intérêt national », après la publication en février dernier sur le site El Madar TV d'un texte concernant les habitants de la wilaya de Djelfa. Même peine requise contre le responsable du média en question.
Le journaliste avait été arrêté début février, après une plainte d'associations de Djelfa, du Conseil supérieur de la jeunesse local et d'un député FLN de la région. Placé sous contrôle judiciaire après deux jours de garde à vue, il s'était vu interdire de quitter le territoire.
Les faits reprochés à M. Bouakba semblent bien maigres au regard de la sévérité de la peine requise. S'il venait à être condamné, cela enverrait un signal inquiétant sur la liberté de la presse et d'expression en Algérie.
Les journalistes risqueraient de lourdes sanctions pénales pour de simples écrits d’opinion. Cela rappellerait aussi le calvaire d'autres journalistes indépendants emprisonnés comme Ihsane El Kadi et Mustapha Bendjama.
Ihsane El Kadi, directeur du site Maghreb Emergent, a été condamné à 7 ans de prison dont 5 ans ferme en juin dernier pour «financement étranger». Mustapha Bendjama, rédacteur en chefdu journal Le Provincial, a écopé de deux ans de prison en aout 2023 pour « réception de fonds étrangers » et « divulgation d'informations confidentielles ».
Beaucoup dénoncent déjà la multiplication des poursuites pour entraver le travail des médias indépendants. L'issue du procès de Saad Bouakba sera très attendue, dans un pays où le pouvoir tolère de moins en moins les voix critiques.
Sophie K.