Le président de Jil Jadid, Sofiane Djilali, vient de lancer un pavé dans la mare politique algérienne. Dans un communiqué au vitriol, il dresse un tableau peu reluisant de la situation démocratique du pays, suite aux élections présidentielles du 7 septembre.
Le scrutin, marqué par une désaffection massive des urnes, met en lumière, selon Djilali, « un fossé béant entre les institutions représentatives et la volonté populaire ». Le leader politique ne mâche pas ses mots, qualifiant l'abstention record de « sonnette d'alarme assourdissante » et de « menace latente pour la stabilité étatique ».
« Que pèsent quelques contestations sur des centaines de milliers de bulletins face à la désertion de 19 millions de citoyens ? », s'interroge-t-il, mettant ainsi en exergue l'ampleur du désenchantement populaire.
L'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) n'est pas épargnée par ses critiques. Sofiane fustige sa « gestion bancale » du processus électoral et les « pressions multiformes » qu'elle subit pour « gonfler artificiellement les chiffres de la participation ».
Mais au-delà de ces dysfonctionnements, c'est l'incapacité chronique des acteurs politiques traditionnels - partis, syndicats, associations - à mobiliser les citoyens qui alarme le président de Jil Jadid. « La fracture entre le peuple et la classe politique se creuse inexorablement à chaque échéance électorale », déplore-t-il, estimant que « les promesses du Hirak de 2019 ont été trahies ».
Face à cette « impasse démocratique », Sofiane Djilali exhorte le président Tebboune à prendre la mesure des « failles béantes du système de gouvernance ». Il plaide pour une « refonte en profondeur des rouages du pouvoir », accompagnée d'une libération des espaces d'expression et d'une réforme drastique du code électoral.
« L'heure n'est plus aux demi-mesures », martèle-t-il. « Soit l'État s'engage résolument sur la voie d'un assainissement de la vie politique, soit il assume ouvertement ses velléités autoritaires ». Pour Djilali, le vernis démocratique s'est irrémédiablement craquelé.
En guise de conclusion, le leader de Jil Jadid lance un appel à « renouer le fil du dialogue entre l'État et ses citoyens ». Sans quoi, prévient-il, « l'effondrement de l'autorité publique face à un peuple désabusé deviendra inéluctable ».
Sophie K.
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