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Algérie: le passeport diplomatique, l’iceberg qui émerge d’un océan d’une caste de privilégiés

  • cfda47
  • 21 mai
  • 3 min de lecture

Dans la déclaration de Novembre 1954, les pères fondateurs du FLN avaient espéré construire un Etat « social », égalitaire. C’est cet esprit qui a prédominé dans les discours officiels des responsables algériens durant les 6 décennies qui ont suivi l’indépendance du pays. Mais la réalité est souvent différente.


Il est vrai qu’en termes de distribution des richesses du pays, l’Algérie tient le haut du pavé des pays africains. Le pays de l’Afrique du Nord est l’un des plus égalitaires de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient. Cela se matérialise notamment par la subvention des produits de première nécessité et la gratuité de certains services, comme la santé et l’école. Officiellement, les transferts sociaux coûtent près de 20 milliards de dollars par an à l’Etat, ce qui n’est pas rien dans un pays dont le budget global avoisine les 140 milliards de dollars -avec néanmoins un déficit record.


Si tout cela est vrai, la création d’un système de castes n’a jamais pu être évité. Bien au contraire. Cela a commencé dès l’indépendance avec la domination d’un groupe de dirigeants, essentiellement issus de la guerre d’indépendance. Ces derniers se sont offerts des vies confortables, à eux et leurs enfants, pendant que la majorité des Algériens vivaient encore dans la misère la plus crasse. Il est vrai que la démocratisation de la scolarisation a permis à des millions d’Algériens d’aller à l’école et d’améliorer ainsi leur niveau de vie, mais les enfants de la nomenklatura ont toujours eu une longueur d’avance. Ils ont bénéficié systématiquement des bourses d’études à l’étranger, tandis que les enfants du peuple lambda n’avaient pas tous les mêmes chances.


Cette émergence d’une caste supérieure de la société s’est accélérée avec l’ouverture du marché extérieur au privé. Des barons de l’import-import se sont alors constitués dans la société, aggravant ainsi les écarts existants dans le niveau de vie avec d’autres citoyens. En plus de se constituer des monopoles de l’importation de certains produits, ces nouveaux riches ont exploité cette position pour transférer d’énormes sommes d’argent en devises vers l’étranger pour se constituer des fortunes en Europe et dans des pays du Golfe. Ainsi, en cas de crise majeure dans le pays, ils ont un pied à terre ailleurs. Ils se permettent également des vacances de rêves que ne peuvent pas s’offrir la majorité de leurs concitoyens.


Puis depuis quelques années, des dirigeants du pays, à différents niveaux de responsabilité, ont trouvé un autre moyen de placer leurs progénitures ailleurs : leur trouver des emplois, même à des niveaux subalternes, dans des bureaux de sociétés ou des consulats algériens à l’étranger dans le but d’obtenir la résidence dans ces pays d’accueil, de préférence en France. Certains de ces figures de la nomenklatura ont même rejoint leurs enfants en France ou au Canada une fois leur mission au sein des appareils de l’Etat terminée. Il en était ainsi de l’ancien ministre des Moudjahidines, Mohamed-Chérif Abbas qui a pris « refuge » chez sa fille à Lille aussitôt débarqué du gouvernement.


Si ces méthodes assurent plus au moins d’anonymat à ces citoyens d’un autre genre, le régime politique algérien a trouvé une autre méthode décomplexée : les passeports diplomatiques. Si ce sésame qui permet aux responsables en poste de voyager sans trop de contraintes est parfois indispensable, rien ne justifie son attribution à autant de monde.


La liste contenue dans le Journal officiel est en effet hallucinante : on y trouve évidemment les responsables en postes, mais également des dizaines des centaines d’autres anciens responsables et leurs familles. Cerise sur le gâteau, ce document de voyage a tout le temps permis à son détenteur de se passer de visa pour la France notamment. Ainsi, ces citoyens de première zone peuvent s’y rendre pour se soigner, se promener, faire du shopping ou pour voir leurs proches. Autant de fois qu’ils le souhaitent.


Parce qu’on ne doit pas s’y tromper : l’attribution de ce passeport à cette catégorie n’a rien avoir le service ou leur fonction. C’est purement un avantage injustifié ! Cet avantage est désormais fini avec l’annonce des autorités françaises d’exiger le visa même à cette catégorie. Qui trouvera certainement un autre pays de chute. Et le régime des « castes » va se maintenir !


E. Wakli

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