Face à la crise du marché automobile algérien, le gouvernement se trouve dans une impasse. Tandis que la marque Fiat fait rêver les foules, seuls quelques privilégiés ont pu s’offrir la mythique Teufteuf de Turin, à prix d’or.
Depuis 2018, le pouvoir a mis un terme à l’importation et au montage des véhicules neufs, suite aux affaires de corruption qui ont éclaboussé les oligarques “gonfleurs de pneus”, à l’instar de Tahkout (actuellement derrière les barreaux).
Ce n’est qu’en 2023 que Fiat a obtenu le feu vert pour importer des voitures et lancer son usine d’assemblage à Tafraoui, Oran, pour début 2024. Pendant cinq ans, l’Algérie a vécu sans voitures ni pièces détachées neuves, se contentant de la récupération et de la ferraille.
Cette situation a eu des conséquences dramatiques : une hausse des accidents mortels liés aux pièces défectueuses, et un ralentissement de l’économie, faute de moyens de transport adaptés à ce vaste pays où le rail est défaillant.
Fin 2022, le déficit en véhicules atteignait le million. Il fallait donc agir vite et combler ce vide en trois ans, en important et en fabriquant sur place au moins trois cent mille voitures par an.
L’Algérie, naguère grande importatrice de voitures, se retrouve aujourd’hui en panne sèche. Quatre cent mille véhicules entraient chaque année dans le pays, sans compter ceux qui y étaient assemblés. Mais le gouvernement a coupé le robinet en 2018, après les scandales qui ont ébranlé les “pompeurs de pneus”, ces oligarques véreux qui ont profité du secteur.
Seule la firme Fiat a pu reprendre du service en 2023, avec l’espoir de combler le vide laissé par les autres. Mais son installation à Alger, a été entravée par le document ALGEX, ce sésame exigé par l’agence nationale du commerce extérieur pour tout importateur.
Malgré les promesses de facilitation, les voitures se font rares, et les citoyens ne les voient qu’à la télévision, au journal de vingt heures. Pour les autorités, il n’y a qu’un coupable : le marché parallèle, où s’activent les intermédiaires et les courtiers qui spéculent sur la pénurie. Il faut donc sévir !
Désormais, les véhicules neufs achetés chez les concessionnaires ne pourront être revendus ni à la mairie ni chez les notaires. C’est la guerre aux courtiers !
Pour atténuer quelque peu cette sévère mesure, L’Association de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (APOCE) a soumis une série de propositions aux pouvoirs publics pour lutter efficacement contre la spéculation sur les véhicules neufs en Algérie.
L’une des principales propositions de l’APOCE est l’interdiction de la revente de ces véhicules pendant une période de 18 mois.
La marque Fiat, seule rescapée de la crise automobile algérienne, a repris les rênes de l’usine Peugeot à Tafraoui, où elle compte relancer la production.
La première voiture Fiat, attendue comme le Mehdi, sortira en janvier 2023. La maison Renault, quant à elle, est toujours en attente du feu vert des autorités pour reprendre du service à Tlelat. En attendant, deux autres firmes ont obtenu le sésame pour l’importation : JAC et Opel.
Le marché automobile algérien est en pleine tourmente. Entre la pénurie de voitures neuves, les entraves à l’importation et la spéculation des courtiers, le gouvernement peine à trouver des solutions efficaces et satisfaisantes pour les citoyens.
L’incessibilité suffira-t-elle à relancer le secteur et à répondre à la demande croissante ? Rien n’est moins sûr.
L’Algérie, qui fut jadis un eldorado pour les constructeurs automobiles, est aujourd’hui un désert où les voitures se font rares.
Yacine M