Algérie: nouvelle chape de plomb sur les Universitaires
- cfda47
- 9 mai
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« Il est interdit de faire des déclarations… ». Un document émanant de la Faculté des Sciences humaines et sociales de l’Université Hassiba-Benbouali (Chlef), interdit aux professeurs d’Histoire de faire des déclarations ou d’accorder des interviews à des médias étrangers, des chaines de télévisions, des journaux, des sites électroniques ou d’autres supports. Toute déclaration doit être soumise à un accord préalable de l’administration, ajoute le document. Motif invoqué ? « Il faut être en phase avec les orientations officielles de l’Etat » !
Cette injonction de l’administration rectorale de l’Université de Chlef n’est pas une première. Des documents pareils émanant d’autres établissements de l’Enseignement supérieur ont déjà circulé dans le pays.
Il a y a un peu plus de 3 ans, une note du ministère de l’Enseignement supérieur enjoignait déjà les universitaires de s’abstenir de faire une quelconque déclaration à la presse sans autorisation de l’administration, sous peine de sanctions. Pire, à l’époque, les universitaires étaient même interdits d’engager des projets de coopération avec d’autres institutions universitaires de par le monde. Comme beaucoup de la littérature officielle, cet ukase est vite tombé dans les oubliettes. Mais il semble faire des émules.
Evidemment qu’il n’échappe à personne que cette missive émanant de l’université Hassiba-Benbouali de Chlef est motivée par l’affaire de Mohamed-Lamine Belghit, cet universitaire qui se présente comme historien qui a accordé une interview à la chaine panarabe SkyNews où il a notamment versé dans le révisionnisme primaire pour occulter l’identité amazighe des Algériens.
Il s’agit donc d’un individu, multirécidiviste, dont la justice -très critiquable par ailleurs- s’occupe désormais puisqu’il est déjà mis sous mandat de dépôt et poursuivi pour « racisme » et « atteinte à une composante de l’identité nationale ». En plus de la poursuite judiciaire, l’opinion publique nationale a largement condamné les propos de l'universitaire.
Mais peut-on raisonnablement faire de cette exception la règle ?
Cette instruction de l’Université de Chlef a deux facettes, détestables l’une et l’autre. La première est que le débat sur l’Histoire du pays va donc être laissé entre les mains des charlatans et autres usurpateurs puisque les femmes et hommes du métier en sont exclus.
La seconde est qu’une telle note confirme le tropisme des institutions de l’Etat vers la propagande ! Car, affirmer que les professeurs, donc les scientifiques, doivent être en diapason avec le récit officiel nous fait sortir des arènes académiques pour nous placer dans les sentiers boueux de la propagande.
Une telle attitude ne servira pas seulement à cacher une bonne partie de notre histoire, mais également à tromper les nouvelles générations sur la véritable histoire de leur pays.
Un mensonge mille fois répété devient vérité, dit l’adage. C’est ce qui risque d’arriver si cette tendance vers l’abrutissement des universitaires se confirme. Mettre des martingales, des muselières sur la bouche de tout le monde finira par produire une société qui ne dispose pas de données qui lui permettent de porter des jugements.

E. Wakli
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