Cette semaine, le coup d'envoi de l'ouverture du capital du CPA, le Crédit Populaire Algérien, a été solennellement annoncé par la mise en place du comité de suivi de la commission de surveillance de la bourse d'Alger, le fameux COSOB. Ainsi, tous les ressortissants algériens intéressés par l'acquisition d'actions pourront se rapprocher de la banque afin d'investir leurs deniers dans cet établissement bancaire.
Malheureusement, il semblerait qu'une catégorie d'Algériens ne soit pas concernée par cette opération. En effet, il s'agit là des citoyens non-résidents en Algérie, c'est-à-dire les émigrés. Selon les affirmations du Directeur général du CPA, Ali Kadri, faites lors d'une réunion d'information à Annaba le 25 janvier dernier, seuls les résidents algériens, "établis uniquement sur le territoire national", seront autorisés à se porter acquéreurs des actions de cette institution bancaire publique. Cette résolution vise à restreindre la participation aux seules personnes et entités opérant exclusivement en Algérie.
Il n'est pas étrange de constater que ce n'est pas la première fois que les membres de la diaspora ou les membres de la communauté nationale installés à l'étranger se voient exclus de certains droits en tant qu'Algériens. En effet, la constitution actuelle avait déjà fermé la porte aux candidats à la présidence possédant la double nationalité.
Aujourd'hui, c'est l'actionnariat bancaire qui leur est interdit, en vertu de la loi sur l'information et la presse qui interdit aux binationaux de posséder un titre de journal ou de toute autre média en Algérie, comme le stipule clairement l'article 4 de la loi :
"Les activités d'information sont exercées par les médias relevant exclusivement : des personnes physiques de nationalité algérienne, et des personnes morales de droit algérien dont le capital est détenu exclusivement par des personnes physiques de nationalité algérienne, ou des personnes morales de droit algérien dont les actionnaires ou les associés sont exclusivement de nationalité algérienne."
Ces mesures gouvernementales, intégrées dans le corpus juridique algérien, ne sont rien d'autre qu'un acte d'ostracisme, procédé visant à bannir ou exclure un individu d'un groupe social ou d'une société quelconque.
Cependant, cet ostracisme envers les émigrés et les binationaux ne peut être justifié que par des considérations politiques rétrogrades à court terme. En effet, en excluant ces populations de l'ouverture des capitaux des banques et du monde de la presse, le gouvernement algérien se prive d'une source potentielle d'investissement et de développement pour le pays.
En excluant ces populations, le gouvernement crée une importante distorsion dans l'accès aux opportunités économiques du pays, renforçant ainsi l'inégalité entre les résidents et les non-résidents. Cela va à l'encontre des principes fondamentaux des droits de l’Homme et d'une économie de marché, qui repose sur la libre circulation des capitaux et des biens.
De plus, cet ostracisme renforce le sentiment de désenchantement et de marginalisation des émigrés et des binationaux, qui ont souvent conservé des liens profonds avec leur pays d'origine. En les excluant de ces opportunités économiques, le gouvernement risque de les pousser à se tourner vers d'autres pays et à abandonner leur engagement envers l'Algérie.
Plutôt que de freiner le développement économique du pays, le gouvernement devrait au contraire encourager leur participation et leur contribution au développement de l'Algérie. Cela permettrait de renforcer les liens entre les différentes populations algériennes et de favoriser un développement économique inclusif et durable.
En conclusion, l’ostracisme peut également être considéré comme une forme de discrimination, car il est souvent utilisé pour exclure des personnes en raison de leur race, de leur religion, de leur orientation sexuelle ou de leur statut social. Les Nations unies ont adopté plusieurs conventions et déclarations qui protègent les droits de l’homme et interdisent la discrimination sous toutes ses formes.
Yacine M
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