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Algérie: Répression des lanceurs d’alerte, talon d’Achille de la lutte contre la corruption

Le rôle des lanceurs d’alerte est crucial dans la lutte contre la corruption à travers le monde. Les lanceurs d’alerte sont des personnes qui signalent des faits portant gravement atteinte à l’intérêt général, tels que des actes de corruption, de fraude, de blanchiment d’argent, etc.


Les lanceurs d’alerte, révélant les détournements de fonds publics et privés - car la corruption sévit également dans le secteur privé – peuvent être des individus, qu'ils soient professionnels ou occupant des fonctions, ayant été témoins ou constatant des actes répréhensibles. Il peut également s'agir de syndicats, d'associations ou encore de partis politiques soucieux de cette problématique.


Il est indéniable que les États adhérents à la CNUCC « Convention des Nations-Unies contre la corruption », parmi lesquels l'Algérie, se sont dotés de nombreux outils tels que les procureurs, la Cour des Comptes, l'IGF « Inspection Générale des Finances » et des organismes spécialisés dans la lutte contre la corruption, dédiés à la prévention et à la répression de ce fléau. Toutefois, il est désormais évident que ces dispositifs se révèlent souvent insuffisants et parfois inefficaces au fil du temps.


C'est en raison de ces circonstances que les lanceurs d’alerte ont émergé aux quatre coins du globe, mettant en évidence l'impact positif et probant de leurs agissements.


En réponse, l'ONU, par le biais de l'Organisation des Nations Unies contre la Drogue et le Crime situé à Vienne « ONUDC », a introduit en 2003, ce concept d'alerte et a consacré des dispositions pour en assurer la sécurité.


En 2006, l'Algérie a officiellement ancré ce texte de l'Organisation des Nations Unies dans ses lois, tout en donnant naissance à deux entités dédiées à la prévention et à la répression de la corruption.


Malheureusement, lors de cette démarche, la protection des individus souhaitant dénoncer ces actes répréhensibles a été négligée.


Heureusement, grâce aux vives critiques portées par les associations de la société civile auprès de l'ONU, cette insuffisance a été partiellement rectifiée à l'époque, bien que de manière imparfaite.


Malgré l'existence de textes de lutte contre la corruption et de mesures de protection des lanceurs d'alerte inscrits dans la législation, la réalité témoigne d'une toute autre politique à leur égard. Les individus courageux qui osent dénoncer sont hélas ignorés, harcelés, poursuivis, voire incarcérés.


Les exemples abondent, tels que celui de Noureddine Tounsi qui endure actuellement l'incarcération dans les sombres cachots d'El Harrach pour avoir dévoilé les dysfonctionnements des gestionnaires au port d'Oran depuis 2016.


De même, le triste sort de militant et enseignant universitaire, Kamel Aïssat, qui a lancé l'alerte quant à l'exploitation abusive d'une mine de zinc à Bejaia, est à déplorer.


De plus, à mesure que les associations de la société civile telles que le LADDH et le RAJ disparaissent peu à peu, le contrôle étouffant des partis politiques et la nomination sélective des parlementaires ont sévèrement entravé les dénonciations et la liberté d'expression.


Un véritable coup de grâce est survenu lorsque le gouvernement a promulgué l'interdiction catégorique des lettres anonymes ; désormais proscrit, il est strictement interdit à tout responsable algérien ou magistrat de prêter attention à toute correspondance dénonçant des malversations.


Cette situation ne peut, en aucun cas, servir les intérêts du pouvoir, car la corruption risque de déformer et d'obscurcir tous les efforts déployés en vue du développement.


Yacine M

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