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Algérie: Victime d'un crime organisé, le fils de Lahbib Bouguetaia réclame vérité et justice


Lahbib Bouguetaia, ex-directeur de l'Inspection des biens de l'Etat à Oued R'hiou (Relizane)




Au milieu de la décennie noire des années 1990 -particulièrement durant l’été 1997-, plusieurs massacres de population ont endeuillé l’Algérie, déjà dévastée par les affrontements entre forces de l’ordre et groupes islamistes armés. Après quelques années de violence ciblée contre les militaires, les fonctionnaires, les intellectuels ou les étrangers, la guerre civile algérienne prenait un nouveau visage, absolument terrifiant, avec des massacres de civils, créant une onde de choc en Algérie comme à l’étranger. Aucune femme -Ou presque- ne se déplace sans un foulard cachant rigoureusement ses cheveux, le corps serré dans un manteau aux couleurs ternes. Les hommes dominent l’espace public. Beaucoup portent la barbe et le kamis, la djellaba que les musulmans revêtent pour prier.


Paris,

28 Juillet 2022



Les lois d’amnistie et la volonté des autorités Algériennes d’étouffer le souvenir de ces épisodes sanglants empêchent aujourd’hui tout un peuple de panser ses plaies:


1997 constitue l’année la plus dramatique de cette décennie noire qui ensanglanta l’Algérie de 1992 au début des années 2000, depuis, des groupes islamistes armés, dont l’activité est qualifiée de «terrorisme résiduel» par les autorités, continuent d’exister, principalement dans les régions montagneuses et dans le sud du pays.


Les massacres de 1997 offrent les mêmes caractéristiques : aucune enquête de l’État, interdiction aux médias d’approcher, nombre de victimes contesté. Et parfois des doutes sur l’identité des tueurs.


Accusés d’«acte de torture» et de «disparitions forcées», deux ex-patriotes de Relizane ont été poursuivis en justice en France:



La Fédération internationale des droits de l’Homme, la Ligue des droits de l’Homme (LDH), la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme et le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA) avaient déposé plainte contre les deux frères MOHAMED, le 10 octobre 2003 pour actes de tortures et de barbarie commis entre 1994 et 1997 dans la région de Relizane en Algérie.


C’est la toute première fois dans l’Histoire, que des Algériens devaient être jugés en France pour des actes commis dans les années 1990 en Algérie et ce, en vertu de la Convention internationale contre la torture adoptée en 1984 et intégrée dans le code pénal algérien en 1994.


Après plus de 12 ans d’enquête, un non-lieu a été prononcé en 2017 par la cour de cassation du Gard en France.



Affaire de Relizane, l'indignation des familles de victimes au micro de Radio des sans voix :

https://youtu.be/IqAR3_AKlnM




La Cour de cassation a confirmé le 29 Mars 2017, le non-lieu prononcé en janvier 2016 par la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Nîmes à l’encontre de Hocine et Abdelkader Mohamed, dans l’affaire dite de Relizane, privant ainsi les victimes du premier procès sur les crimes des « années de plomb » en Algérie, infirmant ainsi l’ordonnance prise par le juge d’instruction, conformément aux réquisitions du procureur, mettant en accusation les frères Mohamed pour des faits de torture et disparitions forcées commis pendant la guerre civile en Algérie dans les années 1990. Tout comme les familles des victimes, les avocats étaient aussi indignés par cette décision.


Me Clemence BECTARTE, avocate au barreau de Paris, ayant travaillé sur l’affaire, aux côtés de Me Patrick BAUDOIN, président d’honneur de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), et Responsable de son Groupe d’action judiciaire avait réagit sur Radio des sans voix en évoquant « des raisons d'Etat » !


Me Clémence BECTARTE au micro de Radio des sans voix :

https://youtu.be/LSTuV_eZfZU




Les deux frères Mohamed, sont aussi cités -entres autres- dans l'affaire de Kidnapping et puis de l'assassinat de Lahbib Bouguetaia, l'ex-directeur de l'Inspection des biens de l'Etat à Oued R'hiou dans la wilaya de Relizane. Le fils de la victime, accuse la mafia du foncier d’être derrière ce lâche assassinat.



Victime d’harcèlements et de menaces, Mohamed Bouguetaia, le fils de la victime Lahbib Bouguetaia, a décidé en ce début de l'année 2022, d'émigrer -d'une manière clandestine- vers l'Europe, dans l'espoir de vivre loin de toute menace et intimidation, afin qu'il puisse réintroduire le dossier de l'assassinat de son père en avril 1997.


Au micro de Radio des sans voix , Mohamed Bouguetaia relate tous les faits : https://youtu.be/qxDI70-yuIk


Pour parler de l’assassinat de son père, le fils de la victime a accordé une interview, une première depuis qu’il a quitté le territoire algérien et après le décès de sa mère en 2019.

Mohamed Bouguetaia a accusé ce qu'il a appelé "la mafia du foncier" et les "milices armées" qui sévissaient durant les années 1990 dans la région de Gedeouia et à Oued R'hiou dans la wilaya de Relizane, d'êtres derrière l'enlèvement, l'assassinat, et la mutilation du corps de son père, le 13 avril 1997, au moment où il rentrait du travail.

Alors, chef de l'inspection des biens à Oued R'hiou dans la wilaya de Relizane, son père a signalé et dénoncé à maintes reprises la pression subie par la mafia du foncier et le pillage de biens immobiliers.


Mohamed Bouguetaia a déclaré que son père était « victime de menaces et d'intimidations dont les auteurs n’étaient autres qu'un groupe de la mafia du foncier, à sa tête les milices armées dont faisaient partie les frères Mohamed, pour avoir découvert et dénoncé les détournements de fonds et transferts illicites dans l’immobiliers. »


La victime avait même « saisie la sécurité militaire concernant ces détournements » avant que son corps ne soit retrouvé quelques jours plus tard, « mutilé, les mains attachées, avec présence de trois balles au niveau du torse », explique son fils.


Le corps de Lahbib Bougetaia a été enterré, mais de fortes pluies l’ont déterré le 21 avril 1997:

Mohamed Bouguetaia explique, qu’après la découverte du corps -reconnu par son propre fils-, la gendarmerie nationale ainsi que les services de polices accompagnées de Kamal Razak Bara, alors président de l'Observatoire national des droits de l'homme, ont ouverts une enquête .



En janvier 1998, son fils, a été entendu par la police militaire, et un groupe d'accusés appartenant aux groupes de l’auto-défense "Patriotes' ont été arrêtés, mais « ils ont été libérés sur ordre suprême et ont menacé la famille de la victime de ne plus rouvrir le dossier », raconte Mohamed Bouguetaia.

En 1998, après la libération des accusés dans l'assassinat de Lahbib Bougutaia, le tribunal civil a attribué ce crime contre X puis à des groupes terroristes :

Le dossier est resté ouvert au niveau du tribunal militaire, et selon les documents obtenus par Radio des sans voix, le 28 novembre 2021, le fils de la victime a encore sollicité le tribunal militaire d'Oran. La requête demeure sans suite.

Dans son interview accordée à Radio des Sans Voix , Mohamed Bouguetaia a appelé les autorités algériennes à ouvrir une enquête sur les circonstances de l'enlèvement et de l'assassinat de son père pour connaître toute la vérité, d'autant plus que

« certains accusés de l'assassinat de mon père vivent actuellement en Europe après avoir obtenu l'asile politique.» explique le fils de la victime.


« Parmi ces personnes, on retrouve les noms des frères Mohamed, accusés d'avoir abusés de leur pouvoir durant les années 90.» conclut Mohamed Bouguetaia.

Pour rappel, la famille de la victime, Lahbib Bouguetaia, n'a pas reçu d’indemnisation financière comme le suggèrent les articles portants sur la paix et la réconciliation nationale entrées en vigueur en février 2006 après le référendum du 29 septembre 2005.

On rapporte que le dossier de l'assassinat de Lahbib Bouguetaia a fait l'objet d'une enquête au niveau du tribunal militaire de la deuxième région d'Oran. Un dossier qui reste ouvert jusqu’à la rédaction de cet article.



Anais Thibault




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