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Algérie : le retour du débat sur la peine de mort après le drame de Marwa Bougachiche

  • cfda47
  • 30 juin
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 1 juil.

La mort de Marwa Bougachiche, âgée de 12 ans, a ému le pays. Comme à chaque drame de ce genre, des voix s’élèvent pour réclamer le retour de la peine de mort, qui fait l’objet d’un moratoire depuis 1993.


L’idée n’est pas nouvelle. A chaque drame, des citoyens, des personnalités et des juristes réclament « l’application de la peine capitale » surtout pour les tueurs d’enfants. C’était le cas de Cheima, tuée après avoir été violée puis brûlée, en 2021, par son ancien copain. En décembre 2024, un père a tué ses 4 enfants, par immolation, à Ghardaïa. En 2012, une jeune enfant a été tuée par sa tante, à Draria à Alger, dans une affaire de vengeance. A Tizi-Ouzou, le corps de Nihal Si-Mohand, 4 ans, avait été retrouvé en août 2016 dans une forêt des Ai-Ouacifs, sans que l’on sache, 9 ans après, de quoi elle était morte.


Sous l’effet de l’émotion, la Toile foisonne d’appels à la vengeance, à la vindicte contre des criminels ou des complices qui ne sont pas forcément identifiés. A défaut de plaider pour le retour de la peine de mort de manière générale, les appels se concentrent sur l’application de la peine capitale contre les assassins d’enfants.


Cela parle à beaucoup de gens, suscitent des émotions et évitent souvent d’avoir le décernement nécessaire pour ce genre de situations. Ces appels à la réintroduction de la peine de mort ont même trouvé un écho favorable auprès du ministre de la Justice, Lotfi Boudjema, qui n’a pas exclu cette éventualité contre les tueurs d’enfants et de grands trafiquants de drogue.


Malgré la douleur et l’émotion, beaucoup ne veulent pas céder à l’émotion. L’avocat Amirouche Bakouri, de barreau de Béjaïa, a publié un poste sur facebook dans lequel il explique les raisons de son opposition à la relance de la peine de mort. « Je suis contre la réactivation de la peine de mort dans un système judiciaire qui considère les affirmations contenues dans le procès-verbal des auxiliaires de justice comme une preuve imparable ou dans un système qui ne permet pas la présence de l’avocat lors de l’audition par la police », écrit-il. Autrement dit ; on ne peut pas appliquer la peine capitale sans une justice indépendante.


Le débat sur le sujet du rétablissement de la Peine de mort n’est donc pas nouveau. Mais à cause d’expériences d’autres pays, qui ont démontré que son application n’a jamais réussi à circonscrire la criminalité. Plus que cela, la peine de mort peut également être utilisée par les régimes dictatoriaux et autoritaires pour éliminer physiquement et légalement leurs adversaires ou opposants politiques. Cela s’ajoute au caractère «barbare » de cette pratique.


Ces raisons et d’autres poussent beaucoup de défenseurs des Droits de l’Homme à réclamer l’abolition pure et simple de la peine de mort en Algérie qui a enregistré 8 condamnations à mort en 2024. Elles sont automatiquement commuées en peine à perpétuité depuis 1993.


E. Wakli

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