L’activiste et footballeuse sahraouie Mamiya Jaafar a failli être expulsée vers le Maroc, alors qu’elle affirme faire l’objet de persécutions et de menaces dans le pays, indique une ONG de défense des droits de l'Homme.
« Aucun des États contractants n’expulsera un réfugié sur les frontières des territoires où sa vie ou sa liberté serait menacée en raison de ses opinions politiques. » C’est ce principe juridique – dit de non-refoulement et défini dans plusieurs instruments internationaux ratifiés par Paris – qui a bien failli être – de nouveau – piétiné par l’administration française aux dépens, cette fois, de l’activiste sahraouie Mamiya Jaafar.
Alors qu’elle affirme faire l’objet de persécutions et de menaces au Maroc, c’est en effet vers ce pays que des policiers ont tenté de l’expulser mercredi dernier, depuis l’aéroport d’Orly.
Embarquée pieds et poings liés dans un vol commercial de Royal Air Maroc, la jeune femme aurait toutefois provoqué une altercation, suscitant les protestations des autres passagers « refusant de voyager si elle était contrainte de participer au voyage », selon la description des faits rapportée dans un communiqué de l’ONG de défense des droits de l’homme Codesa.
Finalement débarquée, Mamiya Jaafar a ensuite été envoyée au centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot, d’où elle est sortie libre samedi.
Originaire du Sahara occidental, Mamiya Jaafar, qui milite au sein de Codesa tout en embrassant une carrière de footballeuse professionnelle, avait quitté son pays en mai 2023 après avoir refusé de jouer pour l’équipe marocaine de football féminin. « Je ne voulais pas porter le maillot des forces d’occupation, cela m’a attiré des ennuis » expliquait-elle alors.
Arrivée en Guyane, où elle avait pu intégrer une équipe de football locale, elle s’était vu refuser sa demande d’asile et expulsée vers Paris en décembre.
Cette première tentative d’expulsion de Jaafar a échoué en raison de la forte résistance de la militante sahraouie qui, à en croire sa sœur, fait l’objet de menaces de « mort, diffamation, surveillance, chantage et autres formes de traitements dégradants » en raison de sa « revendication du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination ».
Si Codesa n’a pas manqué de saluer sa libération, l’organisme a aussi rappelé le sort de plusieurs militants sahraouis expulsés d’Europe vers le Maroc et depuis emprisonnés dans ce pays.
La rédaction
Comments