L’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, expulsé dimanche par Israël, est arrivé à l’aéroport parisien de Roissy, accueilli par sa famille et ses soutiens.
Paris a condamné l'expulsion de ce défenseur des prisonniers palestiniens qualifiée de "contraire au droit":
Défenseur de prisonniers palestiniens, l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri a été accueilli à l'aéroport par sa femme Elsa et plusieurs dizaines de personnes mobilisées en sa faveur. Salah Hamouri a été expulsé dimanche tôt vers la France, selon un communiqué du ministère israélien de l'Intérieur. Sa famille avait été notifiée plus tôt ce week-end qu'il allait être placé sur un vol Tel-Aviv/Paris du transporteur El AL.
Plusieurs élus, représentants d’ONG et partisans de la cause palestinienne avaient fait le déplacement pour accueillir l’avocat, dont le président d’Amnesty International France (AIF), Jean-Claude Samouiller et la directrice de l’Action d’AIF, Nathalie Godard.
Dans un communiqué rendu public, Amnesty International fait savoir que "Par son expulsion d’Israël aujourd’hui, Salah Hamouri paie le prix fort pour son travail d’avocat en faveur des Palestiniens et Palestiniennes. Il a été détenu près de 10 mois en détention sans inculpation parce qu’il travaille au quotidien pour la défense des droits des Palestiniens et Palestiniennes Cette expulsion est une manœuvre visant à entraver le travail de Salah Hamouri en faveur des droits humains, mais aussi l’expression de l’objectif politique à long terme des autorités israéliennes, qui est de diminuer l’importance de la population palestinienne à Jérusalem-Est."
Âgé de 37 ans, fils d'une Française et d'un Palestinien, M. Hamouri a été condamné en mars à trois mois de détention administrative, une mesure controversée permettant à Israël d'incarcérer des suspects sans accusation formelle.
Sa détention qui avait été prolongée en juin, puis à nouveau en septembre, par la justice militaire israélienne est arrivée à terme vendredi 2 décembre et il avait été transféré dans une autre prison en attente de son expulsion.
L'ONG internationale précise " L’expulsion des territoires palestiniens occupés constitue une grave violation du droit international et de la Quatrième Convention de Genève et un potentiel crime de guerre. Elle pourrait également être constitutive d’un crime contre l’humanité. Ces crimes relèvent tous de la compétence de la Cour pénale internationale. L’expulsion de Salah Hamouri se fonde sur un amendement à la loi israélienne qui autorise le ministère israélien de l’Intérieur à expulser les résidents permanents (statut juridique de la majorité des habitantes et habitants de Jérusalem) si leur « manquement » à l’allégeance à l’État d’Israël est reconnu. Cette mesure entre en contradiction avec le droit international : l’allégeance à la puissance occupante ne peut être exigée de la part de la population occupée."
Le 7 mars dernier, Salah Hamouri est placé en détention administrative pour trois mois, "sans inculpation, ni procès", dénoncent en octobre des experts du Haut-commissariat aux droits de l'homme des Nations unies. Des pratiques de détention "pas seulement illégales: elles sont sadiques", jugent-ils encore.
Depuis 20 ans, Salah Hamouri a subi bon nombre d’actes inhumains dont se servent les autorités israéliennes pour appliquer et maintenir le système d’apartheid à l’encontre de la population palestinienne : détention administrative renouvelée à plusieurs reprises, harcèlement, séparation familiale, surveillance et révocation de son statut de résident.
Salah Hamouri est soupçonné par Israël de liens, ce qu'il nie, avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation jugée terroriste par l'Etat hébreu et l'Union européenne. M. Hamouri savait appris qu'il allait être expulsé. Les autorités israéliennes ont révoqué son statut de résident de Jérusalem.
Amnesty International s'indigne "Les autorités israéliennes doivent permettre le retour de Salah Hamouri et de ses proches à Jérusalem-Est, rétablir son statut de résident à Jérusalem, lui permettre de poursuivre son travail en faveur des droits humains sans craindre de représailles, et la possibilité d'y mener une vie familiale normale."
"Les autorités françaises doivent continuer à demander le respect des droits de Salah Hamouri et de tous les Palestiniens et Palestiniennes. La voix de la France compte. Nous appelons Emmanuel Macron à lutter contre l’impunité dans laquelle agissent les autorités israéliennes", conclut l'ONG.
La Rédaction