Au Bangladesh, le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus fait face à un « harcèlement juridique ». Une situation qui inquiète l’ONU.
L’ONU s’est alarmée mardi du harcèlement dont fait l’objet le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, mais aussi d’autres défenseurs des droits, au Bangladesh.
Lors du briefing régulier de l’ONU, la porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Ravina Shamdasani, s’est inquiétée d’un « harcèlement juridique » qui constituerait « un signal inquiétant pour l’espace civique et démocratique au Bangladesh ».
Un harcèlement toucherait des dirigeants de la société civile, des défenseurs des droits de l’homme et d’autres voix dissidentes.
Ravina Shamdasani a notamment évoqué le sort de Muhammad Yunus, 83 ans, qui a reçu le prix Nobel de la paix 2006 pour son travail en faveur du développement économique.
On lui attribue le mérite d’avoir sorti des millions de personnes de la pauvreté, grâce à sa banque de microcrédit pionnière.
Il « a été victime de harcèlement et d’intimidation pendant près d’une décennie » et fait actuellement face à deux procès, passibles de peines de prison. Le premier concerne une violation présumée du droit du travail et le second une corruption présumée.
Muhammad Yunus aura l’occasion de se défendre de ces accusations devant les tribunaux.
Un « test pour l'indépendance du pouvoir judiciaire »
La porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a déclaré que le bureau des droits de l’homme était « préoccupé par le fait que les campagnes de diffamation contre lui, émanant souvent des plus hauts niveaux du gouvernement, risquent de porter atteinte à son droit à un procès équitable ». Elle craint que le Prix Nobel ne puisse avoir droit à « une procédure régulière, conforme aux normes internationales ».
« Ces affaires représentent également un test important pour l’indépendance du pouvoir judiciaire au Bangladesh », a souligné Ravina Shamdasani. Les efforts déployés par le gouvernement du Premier ministre Sheikh Hasina pour faire taire les critiques et éradiquer la dissidence politique inquiètent, alors que des élections nationales sont prévues dans le pays d’ici la fin janvier.
Fin août, plus de 160 personnalités mondiales ont apporté leur soutien à Muhammad Yunus, dont Barack Obama et le chanteur de U2 Bono, en publiant une lettre dénonçant des « menaces contre la démocratie ».
Des ONG visées par des procédures judiciaires
Ravina Shamdasani a également évoqué la situation des ONG de défense des droits de l’homme « Odhikar », « Adilur Rahman Khan » et « Nasiruddin Elan », dont les dirigeants sont visés par des procédures. Les verdicts sont attendus jeudi.
Les accusations portées contre eux sont liées à un rapport d’enquête rédigé il y a dix ans sur des exécutions extrajudiciaires. Les deux hommes « ont été victimes de harcèlement et d’intimidation », a ajouté la porte-parole.
Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, a appelé les autorités judiciaires du Bangladesh « à assurer l’examen le plus rigoureux de ces affaires afin de garantir que les droits à une procédure régulière et à un procès équitable soient appliqués de manière stricte et cohérente », a souligné Ravina Shamdasani.
Le professeur Muhammad Yunus, souvent considéré comme « le banquier des pauvres dans le monde », a reçu en 2021, les Lauriers olympiques pour son travail considérable dans le domaine du sport au service du développement. Il a notamment fondé le Yunus Sports Hub, un réseau mondial d'entreprises sociales qui propose des solutions par le sport. Il a collaboré avec le CIO sur plusieurs projets, notamment les éléments éducatifs du programme des jeunes leaders du CIO, le camp de la jeunesse pour la paix «Imagine», et l'accélérateur d'entreprises d'Athlete365 – le premier programme complet d'entrepreneuriat destiné à aider les olympiens à se reconvertir après leur carrière sportive.
La rédaction avec l'AFP