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Boumerdes: 23 familles de disparu(e)s convoquées par la brigade de gendarmerie pour des tests "ADN"


Une première dans l'histoire de l'Algérie post-conflit (années 90) sur l'indentification des corps. La brigade de gendarmerie relevant de Béni Amrane (Boumerdes), a convoqué 23 familles de disparu(e)s pour effectuer des tests ADN.



Apres la découverte de six corps (ossements), dans la région de Djerrah, commune de Ammal, et dont la mort est jugée remonter aux années 90, le juge d'instruction près tribunal de Boudouaou, a donné comme instruction, de faire des prélèvements ADN à 23 familles des disparu(e)s de la décennie noire.


L'adjudant chef de la brigade de gendarmerie de Béni Amrane, a reçu Maître Dalal Aidoun, avocate de l'association "Sos Disparus" , qui accompagnait un membre de la famille "Ayache", dont le fils, Hakim, a été arrêté le 22 juin 1994.

Ces derniers ont été informés que le chef de brigade les attendait au niveau du service de la médecine légale de l'hôpital de Thenia.



"En arrivant à l'hôpital, au service de médecine légale, plusieurs familles de disparu(e)s étaient déjà sur place, elles venaient majoritairement de Boumerdes, Bouira et Alger", indique Maître Dalal Aidoun à la "Radio des sans voix".



"Le chef de brigade nous a indiqué, que seules les familles n'ayant pas touché les indemnisations, ont été convoquées", précise Me Aidoun.


Et de poursuivre, "C'est bizarre, car même si les familles ont reçu les indemnisations, elles n'ont jamais récupérés les corps de leurs proches disparus. Il reste toujours une possibilité que, parmi ces ossements retrouvés on peut identifier un disparu dont la famille a reçu les indemnisations"


"Ils faisaient passer les proches de disparus un par un pour prélever un échantillon de leur sang (ADN), et leur demandaient de partir sans leur expliquer quoi que ce soit ! Tout cela, sans la moindre présence d'un soutien psychologique", explique l'avocate.


"Aucun document attestant du prélèvement et/ou de son but n'a été transmis à ces familles convoquées", affirme Me Dalal Aidoun.



" Ces familles ont le droit de savoir pourquoi est-ce qu'elles étaient là et ce qu'on allait faire avec leur ADN. La présence d'un psychologue est très importante dans pareils cas, afin de leur expliquer les choses. Un document attestant du prélèvement et de son motif, devrait être délivré", regrette l'avocate.


"Au niveau de l'association, nous avons plus de 5500 dossiers de disparu(e), que nous sommes prêts à communiquer aux autorités algériennes, si celles-ci souhaitent vraiment qu'il y ait une commission de vérité dans le cadre d'un processus d'une justice traditionnelle", conclut Me Dalal Aidoun, avocate de l'association des familles de disparus (Sos Disparus).

Plus de 8 000 personnes ont disparu en Algérie entre 1992 et 1998, enlevées par les forces de l’ordre. Aujourd'hui encore, ces familles se battent pour connaître la vérité.



Dès 1998, l’Etat algérien ouvre des bureaux dans l’ensemble des wilayas pour enregistrer les cas de disparition. Il indique alors y avoir recensé 4 880 cas sans donner davantage d’informations aux familles.


En 2003, une commission dédiée aux disparitions forcées est créée au sein de la (CNCPPDH), mais elle ne dispose pas des pouvoirs d’enquête nécessaires pour les éclaircir.


Le rapport de cette commission présenté en 2005 par Me.Farouk Ksentini, président de la (CNCPPDH), précise que 6 146 personnes ont disparu entre 1992 et 1998. Ce rapport n’a jamais été rendu public mais préconise le versement d’une indemnisation financière aux familles.


L’ordonnance du 26 février 2006, d’application de la "Charte pour la Paix et la Réconciliation Nationale" adoptée par référendum le 29 septembre 2005, prévoit enfin qu’ « aucune poursuite ne peut être engagée, à titre individuel ou collectif, à l’encontre des éléments des forces de défense et de sécurité de la République, toutes composantes confondues, pour des actions menées en vue de la protection des personnes et des biens, de la sauvegarde de la Nation et de la préservation des institutions de la République algérienne démocratique et populaire. Toute dénonciation ou plainte doit être déclarée irrecevable par l’autorité judiciaire compétente.»


Néanmoins, chaque mercredi matin, quelques vingt membres de l’association (Sos Disparus) se postent devant le siège de la (CNCPPDH ), situé sur les hauteurs d’Alger, puis se font déplacer par la police quelques centaines de mètres plus loin. Elles sont là, assises sur un muret, portant les photos de leurs proches, flétries par le soleil. La plupart sont très âgées, certaines, reprennent le flambeau de leur parent.



La rédaction




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