Dans le cadre de la Campagne nationale de libération des 228 détenus d’opinion أطلڤوهم#, le cas du journaliste Ihsane El Kadi, qui a refusé de courber l’échine ne passe pas inaperçu.
Ihsane El Kadi est né le 27 avril 1959 à Tripoli en Libye où son père, Bachir El Kadi, s’occupait d’acheminer des armes vers l’Algérie pour le compte du Front de libération nationale (FLN) durant la Guerre (1954 – 1962).
La famille El Kadi revient s’installer à Alger et Ihsane entame des études en sciences économiques à l’université d’Alger. Il milite au sein du Groupe communiste révolutionnaire (GCR), mouvement trotskiste clandestin fondé par des syndicalistes et des étudiants.
En 1981, âgé de 22 ans, Ihsane est arrêté dans le sillage de la répression du printemps berbère et détenu pendant neuf mois à la prison d’El Harrach où il se trouve incarcéré à nouveau 42 ans plus tard.
Ihsane entame sa carrière en tant que journaliste sportif au sein de la radio publique Chaîne 3, puis au sein de l’équipe du quotidien Horizons où il est nommé représentant syndical des travailleurs du journal.
Dans les années 1990, il est rédacteur en chef du quotidien La Tribune. Dans un contexte sanglant et répressif, il défend une ligne journalistique professionnelle et exemplaire, une position difficile à tenir qui l’oblige à quitter le journal en 1996.
Dès ce moment, Ihsane entame une longue carrière de journaliste indépendant. En juillet 2007, il participe à créer le magazine financier international « Les Afriques ».
Deux années plus tard, il lance avec un groupe de journalistes algériens Maghreb Émergent, journal économique électronique, puis la webradio indépendante Radio M.
Ihsane El Kadi est une figure du paysage médiatique algérien, reconnu pour son courage et son travail.
Pendant le Hirak, Radio M devient un forum où toutes les voix des Algérien.ne.s, y compris les plus minoritaires, sont invitées à venir s’exprimer publiquement et librement. La petite radio produit des centaines d’émissions pour évoquer le mouvement populaire, la situation des libertés et les potentialités d’un avenir démocratique.
De 2020 à 2022, Ihsane El Kadi subit une pression continue de la part des services de sécurité. On lui demande de tempérer le ton de ses médias, ses articles et ses tweets. Ihsane résiste et ne courbe pas l’échine.
Dans la nuit du 24 décembre 2022, des officiers militaires se rendent chez lui et l’emmènent à la caserne «Antar», célèbre caserne des services de renseignement, où il est arbitrairement gardé pendant cinq jours.
Le 29 décembre, Ihsane est placé en détention préventive et accusé notamment de “réception de fonds et d’avantages de provenance étrangère”. Sans aucune preuve.
En réalité, il s’agit d’une contribution financière sur fonds propre de sa fille, installée à Londres et actionnaire d’Interface Medias, que l’accusation a transformé en charge contre le journaliste.
En avril 2023, il est condamné en première instance à cinq années de prison dont trois ferme. Son procès en appel se solde par une aggravation de la peine à sept ans (cinq années ferme).
La Cour suprême rejette l’appel en octobre 2023, fermant la porte à tout recours légal.
Le 27 avril 2024, Ihsane fêtera ses 65 ans à la prison d’El Harrach.
La rédaction
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