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Contre-voix bâillonnées : la presse en procès au Maroc

  • cfda47
  • 2 juil.
  • 2 min de lecture

La Coordination associative en Europe pour les droits humains au Maroc a exprimé son « indignation » suite à la condamnation du journaliste marocain Hamid El-Mehdaoui, prononcée lundi 30 juin par la Cour d'appel de Rabat. Le directeur du média Badil écope de 18 mois de prison ferme et d'une amende de 1,5 million de dirhams pour « diffusion de fausses allégations, diffamation, calomnie et injures publiques » envers le ministre marocain de la Justice.


Cette décision judiciaire présente une particularité troublante : elle s'appuie sur les dispositions du Code pénal et non sur celles du Code de la presse, réformé en 2016. Or, ce dernier texte exclut explicitement toute peine d'emprisonnement concernant les journalistes. Un détournement procédural que dénonce vigoureusement la coalition d'associations, qui y voit une manœuvre délibérée pour contourner les protections légales accordées à la profession.


Pour les organisations signataires du communiqué, cette condamnation « démontre une nouvelle fois la volonté des autorités marocaines de bâillonner toutes les voix discordantes et toutes les oppositions contre les choix politiques et économiques poursuivis et contre la corruption généralisée ». Elles y voient également la confirmation de « l'instrumentalisation de l'appareil judiciaire à cet effet ».


Le parcours judiciaire de Hamid El-Mehdaoui révèle un acharnement persistant. Ses déboires avec la justice ont commencé lors de son emprisonnement lié au mouvement du Hirak du Rif, qui avait secoué le nord du Maroc en 2016-2017. Depuis, « il fait l'objet de plusieurs poursuites initiées par le même ministre de la Justice », précise le communiqué. Les pressions ne se limitent pas au volet pénal : le Tribunal administratif de Rabat a également refusé le renouvellement de sa carte professionnelle de journaliste, « sous prétexte qu'il n'est que Youtubeur ».


La condamnation s'accompagne par ailleurs d'un renforcement des restrictions pesant sur la liberté d'expression au Maroc. La Coordination associative pointe du doigt les modifications en cours du Code de procédure pénale, dont « les nouveaux articles 3 et 7 prévoient notamment d'empêcher les dénonciations et plaintes des citoyens et associations pour corruption et abus de biens publics ».


Ces dispositions, selon les associations, visent à « ne pas laisser la latitude au parquet de s'autosaisir de ce genre d'affaires, et de donner au gouvernement le monopole de l'initiation des enquêtes et poursuites en pareille matière ». Un verrouillage qui réduirait considérablement les possibilités de dénonciation de la corruption et des abus de pouvoir.


La coalition, qui regroupe seize organisations basées dans plusieurs pays européens, n'hésite pas à employer des termes sévères pour qualifier la situation. Elle dénonce « ces vieilles pratiques du Makhzen marocain qui utilise la justice pour bâillonner toute contestation et critique des politiques autoritaires et antisociales ».


Au-delà du cas El-Mehdaoui, les associations réaffirment leur « soutien inconditionnel aux prisonniers politiques et d'opinion au Maroc dont les condamnés injustement du Rif et le bâtonnier Mohamed Ziane ». Cette mention rappelle que le journaliste n'est pas un cas isolé dans un paysage répressif qui touche diverses catégories de la société civile marocaine.


Amine B. 

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