Controverse autour du 5ᵉ Forum de Sociologie à Rabat : quand la recherche se heurte à l’éthique
- cfda47
- 25 juin
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Le 5ᵉ Forum de sociologie de l’Association Internationale de Sociologie (ISA), prévu du 6 au 11 juillet 2025 à l’Université Mohammed V de Rabat, suscite une vague de protestation sans précédent dans le monde académique. Des chercheuses et chercheurs en sciences sociales, venus du Maroc et d’ailleurs, ont annoncé leur boycott de cet événement en raison de la participation d’institutions israéliennes perçues comme complices des violences infligées aux Palestiniens, notamment à Gaza.
Le 5ᵉ Forum de sociologie de l’ISA, prévu à Rabat du 6 au 11 juillet 2025, suscite une vive controverse. Tandis que l’ISA présente cet événement comme un espace de dialogue mondial sur le thème « Connaître les justices dans l’Anthropocène », des voix s’élèvent pour dénoncer la participation d’institutions israéliennes, perçue comme une forme de normalisation académique avec des entités impliquées dans des violations graves du droit international.
Au cœur de la polémique, deux griefs majeurs : d’une part, la présence d’universités israéliennes accusées d’être impliquées dans les politiques d’occupation et d’apartheid menées par l’État d’Israël, et d’autre part, la programmation d’interventions dont les résumés semblent relayer des récits considérés comme coloniaux et justifiant, voire niant, la souffrance du peuple palestinien.
Des voix s’élèvent : appel au boycott
Ce mouvement de boycott s’aligne sur les campagnes menées par la PACBI (Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel) et la MACBI (Moroccan Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel), qui dénoncent depuis plusieurs années ce qu’elles perçoivent comme une normalisation de l’occupation au sein des espaces universitaires.
Les signataires de la pétition affirment que la neutralité académique ne doit pas servir de paravent à l’indifférence éthique, surtout lorsqu’il s’agit de situations de violence structurelle et de violations du droit international.
L’un des points particulièrement critiqués est l’incohérence perçue entre le thème du forum – « Connaître la justice à l’ère de l’Anthropocène » – et l’inclusion d’institutions accusées de contribuer à une injustice systémique. Cette contradiction est interprétée par beaucoup comme un affaiblissement de la crédibilité du forum, mais aussi comme une blessure pour les principes mêmes que la sociologie prétend défendre.
Entre liberté académique et responsabilité morale
Les organisateurs du forum, pour leur part, défendent le pluralisme des idées et la nécessité d’un espace de dialogue ouvert. Toutefois, cette position est loin de convaincre tous les membres de la communauté scientifique. Les critiques affirment qu’il ne s’agit pas d’un simple désaccord intellectuel, mais d’un enjeu profondément éthique : peut-on réellement parler de justice tout en donnant la parole à ceux accusés de la bafouer ?
Vers un débat plus large
Ce boycott remet en lumière un débat fondamental sur le rôle politique de la recherche et le pouvoir symbolique des événements académiques. Il pose aussi une question dérangeante : dans un monde de plus en plus polarisé, les forums de discussion peuvent-ils rester des espaces réellement neutres ?
La rédaction
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