Sa convocation par la brigade de la gendarmerie de Naciria et sa présentation imminente devant le procureur près du tribunal d'Amizour, le 13 juillet 2023, font écho au triste cas de Mohad Gasmi, un autre militant environnemental.
Le professeur Kamel Aissat, fervent défenseur de l'environnement et de la santé publique, est actuellement dans le viseur des autorités algériennes. Convoqué par la brigade de la gendarmerie de Naceria, wilaya de Béjaïa, à l’Est du pays, il sera présenté demain, le 13 juillet 2023, devant le procureur près du tribunal d'Amizour, rapporte le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
Cette convocation intervient après que le professeur Aissat ait été empêché de quitter le territoire national à l'aéroport de Béjaia le matin même du 12 juillet 2023, en raison d'une mesure d'Interdiction de Sortie du Territoire National (ISTN). Sa destination prévue était la France.
Un engagement environnemental à l'origine des mesures restrictives ?
Les raisons sous-jacentes à cette interdiction de sortie et cette convocation par la gendarmerie semblent être liées aux activités du professeur Aissat, selon des observateurs de la scène politique.
En tant qu'enseignant universitaire, il s'est récemment engagé activement dans la défense de l'environnement et de la santé humaine. Son objectif était d'alerter sur les dangers et les risques qui pèsent sur la santé publique, l'écologie et l'écosystème de toute la région de la vallée de Soummam.
Ces préoccupations découlent de la décision des autorités d'exploiter la mine de plomb et de zinc de Tala Hamza et d'Oued Amizour, située dans la wilaya de Béjaïa, indique le CNLD. Le professeur Aissat, en tant qu'expert dans le domaine du développement durable, estime en effet qu' «il était de son devoir d'éclairer la population sur ces questions cruciales».
Toutefois, son engagement semble avoir suscité l'attention des autorités, qui ont choisi de le convoquer et de lui interdire de quitter le pays.
Des parallèles inquiétants avec le cas Mohad Gasmi
Cette situation rappelle malheureusement le triste sort réservé à Mohad Gasmi, un autre militant environnemental en Algérie.
Depuis 2014, Gasmi lutte contre l'exploitation du gaz de schiste et les risques de pollution des nappes phréatiques qu'elle entraîne. Son engagement dans le mouvement Hirak a été l'une de ses principalesmotivations.
Récemment, il a été condamné à une peine de quatre ans de prison ferme et a entamé une grève de la faim illimitée depuis le 5 juillet dernier.
Le professeur Kamel Aissat, ancien syndicaliste et ex-cadre dirigeant du Parti socialiste des travailleurs (PST), fait face lui aussi aux mesures répressives du régime.
Les activités de son parti ont été suspendues par les autorités, ce qui suscite des inquiétudes quant à une éventuelle répression plus large à l'encontre des militants environnementaux et des voix dissidentes.
Sophie K.