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Dernière ligne droite pour les présidentielles: fin d’une campagne monotone et sans clivage politique

Alors que la campagne électorale pour les présidentielles de 2024 touche à sa fin demain, mercredi 3 septembre, les électeurs algériens se retrouvent à un tournant crucial.


Ils auront jusqu'au 7 septembre pour réfléchir et choisir s’ils vont exercer leur droit de vote et, si tel est le cas, pour quel candidat. Cette campagne, cependant, n’a pas réussi à enflammer les foules.


Les grandes mobilisations attendues n’ont pas eu lieu, et ce sont principalement les militants des partis politiques, fervents soutiens de leurs candidats respectifs, qui ont pris part aux événements.


Pour le reste de la population, le quotidien se poursuit dans une indifférence palpable : certains profitent des vacances, tandis que d’autres, confrontés à des défis plus pressants, se préoccupent de la sécurité de leur voyage clandestin sur des embarcations vers l’Europe et les pères de famille scrutent les variations des prix alimentaires pour nourrir leurs enfants.


Dans ce climat de désengagement général, Abdelkader Bengrina, chef du parti El Bina et fervent soutien du président Tebboune, a monopolisé les médias avec des interventions souvent jugées comme des spectacles médiatiques.


Ses apparitions, considérées par beaucoup comme des bouffonneries de bas étage, ont fini par irriter les algériens. Devenu une véritable irritant pour le public, Bengrina semble incarner l'exaspération croissante face à une campagne jugée moribonde et déconnectée des réalités du quotidien.


Les observateurs sont unanimes : la campagne électorale pour les présidentielles de 2024 s’est déroulée dans une ambiance étonnamment propre et aseptisée, marquée par l’absence totale de débat politique substantiel.


Cette édition électorale est remarquable par son manque de critiques et d'affrontements entre les candidats.


En effet, aucun des prétendants à la présidence n’a jugé utile de critiquer les programmes de ses concurrents.


Abdelmadjid Tebboune, par exemple, s’est abstenu de toute critique à l’égard des propositions du Front des Forces Socialistes (FFS) et du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP).


Il est vrai que critiquer ces programmes, démocratique et islamiste, aurait semblé paradoxal pour un candidat qui se revendique à la fois nationaliste, démocrate et islamiste, selon le référent religieux national.


De son côté, Abdelali Hassani Cherif, le candidat islamiste, a manifestement édulcoré son programme d'origine.


En lieu et place, il a opté pour un discours teinté de technocratie, orientant ses promesses et sa vision vers le développement économique, avec un style qui frôle celui de Tebboune.


Quant au candidat démocrate, Youcef Aouchiche, bien que ses interventions aient inclus des thèmes tels que les Droits de l’Homme, la liberté d’expression et les détenus d’opinion, il a pris soin d'adoucir son discours en évitant les questions les plus controversées, se gardant de toute déclaration qui pourrait froisser.


En somme, cette campagne a été marquée par une atmosphère de politesse excessive et de consensus.


Depuis l’introduction de la démocratie en Algérie après octobre 1988, jamais les Algériens n’ont assisté à une campagne aussi monotone, sans véritable clivage politique ou idéologique.


La politique semble avoir pris une pause, laissant place à une campagne où tout le monde se montre sous son meilleur jour, mais sans la vivacité des débats politiques d’antan.


Avant, la campagne électorale pour les présidentielles 2024, le pouvoir en place a orchestré un casting soigneusement préparé, à la mesure des régimes autocratiques les plus raffinés.


Le président sortant et candidat a choisi pour lui deux concurrents jugés idéaux : un « « démocrate » et un « islamiste », tous deux réglés comme des horloges suisses.


Ce choix stratégique dessine un avenir politique clair pour l’Algérie : des partis politiques sélectionnés, domestiqués et étroitement contrôlés.


Tout parti qui tenterait de sortir de ce cadre préétabli s’expose au même sort que le Mouvement pour la Démocratie en Algérie (MDS) et le Parti Socialiste des Travailleurs (PST), qui ont été écartés.


Le Parti des Travailleurs (PT) de Louiza Hanoune a d'ailleurs eu un aperçu de cette situation lors de la campagne de parrainage, montrant les limites de son entrisme.


À l’approche du jour J, une question cruciale demeure : les Algériens se mobiliseront-ils pour ces élections, ou la campagne continuera-t-elle à sombrer dans l’indifférence ?


La réussite d'une campagne électorale calme et sans remous est une chose, mais inciter les citoyens à se rendre aux urnes en est une autre !




Yacine M

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