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Derrière les ors de la République, les artistes réduits à la misère

  • cfda47
  • 14 juin
  • 3 min de lecture

A l’occasion de la journée nationale de l’Artiste, le gouvernement algérien a « honoré » écrivains, chanteurs et autres poètes. Lors d’une cérémonie organisée au Palais des Nations, le Premier ministre Ennadhir Larbaoui, qu’on annonce sur le départ, a en effet dit la reconnaissance de la République pour cette catégorie de citoyens.


Des figures connues du cinéma, du chant, de la poésie ou de l’écriture romanesque ont ainsi pu vivre un moment de grâce, d’opulence et mettre leurs plus beaux habits pour une occasion qui les rappelle à la mémoire nationale.


Sauf que derrière ce moment de distraction, se cachent des malheurs, des misères. Cela fait en effet des mois, voire des années, que le pays est fermé non pas uniquement pour le libre débat politique ou médiatique, mais aussi à l’art.


En dehors de quelques activités officielles, qui deviennent d’ailleurs de plus en plus rares, de nombreux artistes n’ont pas d’activités, donc de ressources pour vivre dignement.


Si la question ne se pose pas forcément pour ceux qui exercent d’autres activités, des artistes qui se consacrent totalement et uniquement à leur passion et qui en font un métier vivent dans la misère. Cela ne se voit pas forcément, mais c’est une réalité amère.


Combien de chanteurs ne se sont-ils pas produits sur scène depuis de longs mois ? Combien d’artistes peintres n’ont pu écouler leurs tableaux ou peindre des fresques pour des gens fortunés ? Ne parlons pas des écrivains qui, déjà, ne comptent jamais sur leur plume pour vivre dans un pays où le lectorat est aussi rare que la pluie dans le désert.


Pire que cela, de nombreux artistes, notamment les chanteurs et musiciens, ont été obligés de s’exiler pour tenter de vivre de leur métier. Il suffit de suivre les pages de certains artistes sur les réseaux sociaux pour se rendre compte que jamais le dicton qui fait que « nul n’est prophète en son pays » n’a plus de sens qu’en Algérie.


En plus de l’absence, ou plus exactement la rareté d’évènements culturels, la question des droits d’auteurs et droits voisins se pose avec acuité. L’Algérie est l’un des rares pays à revenus intermédiaires où les artistes ne profitent pas de leurs succès ! Un artiste nous révélait il y a quelques jours avoir trouvé dans le compte bancaire de son groupe une modique somme de 24000 DA (A peine 100 euros) versée par l’ONDA, l’Office national pour les droits d’auteurs et droits voisins, pour « récompenser » plusieurs années de labour ! Une misère, une insulte pour l’intelligence de ces hommes et femmes qui se donnent de la peine pour écrire, composer, dessiner et nous divertir.


Pourtant, l’Etat a mis en place une taxe sur le tabac, une autre sur les produits électroniques, pour aider les artistes. Mais en réalité, ces taxes ne sont pas reversées à l’ONDA car le budget de l’Etat est tellement déficitaire que tout centime récupéré est le bienvenu. Quitte à affamer les artistes qui sont ensuite décorés dans les salons huppés de la République.


Évidemment que certains poseront la question de savoir pourquoi est-ce que les artistes comptent uniquement sur l’Etat pour travailler. C’est une vraie question si elle était posée dans un pays qui dispose d’une politique culturelle. Car, en vérité, les sociétés d’évènements culturels, qui existent en réalité, n’ont pas accès aux salles publiques. Plus grave encore, pour des raisons obscures, les autorités ne donnent pas d’autorisation -ou c’est rare- pour l’organisation des activités. Pourquoi ? Il n’y a jamais eu de réponse, les autorités ne sentant souvent pas dans l’obligation de répondre de leurs actes. Chapô les artistes, quand même !



E. Wakli

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