M.Abdelmadjid Tebboune, président élu le 12 décembre 2019 pour cinq ans, s’apprête à adresser à la Nation devant les deux chambres du parlement algérien réunies.
Il entend ainsi inaugurer une tradition politique en Algérie, où il fera le bilan de ses quatre années de mandat et exposera ses ambitions pour l’avenir. La situation du pays, tant sur le plan politique, économique, social que diplomatique, sera au cœur de son discours, rapporte l’agence officielle APS.
Avant même que l’événement n’ait lieu, la presse nationale s’est enflammée pour le président, le couvrant d’éloges et de compliments sur sa gouvernance aisée, sa vision lucide, son courage politique et ses progrès économiques et sociaux.
Elle a ainsi occulté la dure réalité économique et sociale, la misère des couches les plus pauvres et le désespoir des jeunes qui cherchent à quitter le pays dans des embarcations de fortune qui font chaque année des dizaines de victimes en Méditerranée.
Sur le plan politique, ces quatre années ont été marquées par la fermeture totale de l’espace démocratique, avec la dissolution judiciaire de deux partis politiques, le MDS et le PST, et un ultime avertissement pour le RCD.
La vie politique est en panne, hormis les quelques initiatives lancées par le pouvoir lui-même.
Les libertés individuelles et collectives sont bafouées, les actions et les manifestations sont interdites et de nombreuses associations de la société civile, comme la LADDH et le RAJ, sont dissoutes.
La culture est étouffée, les autorisations de tenir des manifestations sont accordées au compte-gouttes et de nombreux événements sont jugés illégaux.
Les droits de l’Homme sont bafoués, des dizaines de détenus d’opinion languissent encore dans les prisons algériennes surpeuplées, d’autres sont sous contrôle judiciaire, d’autres ont perdu leur emploi pour avoir exprimé leur opinion.
Le président de la république s’adresse à la Nation dans un contexte contrasté, où les louanges de la presse officielle contrastent avec les difficultés du pays et les revendications des citoyens.
Son discours sera-t-il à la hauteur des enjeux et des attentes ? Saura-t-il reconnaître les erreurs et les injustices commises sous son mandat ? Saura-t-il ouvrir des perspectives d’avenir pour l’Algérie et son peuple ? C’est ce que nous espérons tous, en tant qu’Algériens attachés à la démocratie, à la liberté et à la dignité.
Yacine M