Disparus de la décennie noire: Louisa Hanoune critique la démarche d’Amnesty
- cfda47
- 30 avr.
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Dernière mise à jour : 1 mai

Dans une déclaration controversée accordée au site du quotidien arabophone El Khabar, Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT), a vivement critiqué Amnesty International suite à la visite d’une représentante de l’organisation en Algérie, venue s’enquérir du dossier des disparus forcés durant la décennie noire.
Lors de l’entretien, Hanoune a relaté un échange tendu avec l’émissaire de l'ONG Internationale, Amnesty. À la question de savoir si celle-ci comptait enquêter sur les disparitions forcées, la réponse fut positive.
Louisa Hanoune s’est alors interrogée sur la crédibilité de cette démarche, surtout en l’absence de moyens logistiques et sécuritaires comparables à ceux des forces locales. « Où pensez-vous enquêter ? Dans les casernes ? Chez les responsables ? », a-t-elle ironisé, concluant avec fermeté: « Oubliez cette idée ».
Pour la dirigeante du Parti des Travailleurs (PT), le dossier des disparus est une composante de ce qu’elle appelle « la tragédie nationale », et sa résolution doit rester une affaire intérieure, pilotée par les institutions algériennes. Elle a par ailleurs oublié de dénoncer l’absence de volonté politique, rappelant que la loi sur la réconciliation nationale a été imposée sans consultation des familles de disparus ni des victimes du terrorisme islamiste.
Ancienne parlementaire, Hanoune affirme avoir interpellé à plusieurs reprises les autorités sur ce dossier sans succès. Elle estime également que l’internationalisation de la question reviendrait à admettre implicitement le décès des disparus, ce qu’elle rejette catégoriquement afin de préserver la dignité des familles concernées.
Cependant, cette position soulève une problématique plus large sur la compréhension du rôle des ONG internationales.
Amnesty International, comme d’autres organisations non gouvernementales, œuvre à la documentation des violations des droits humains à travers le monde. Sans pouvoir judiciaire ni moyens coercitifs, elle s’appuie sur des témoignages, des enquêtes de terrain et le plaidoyer international.
Le paradoxe est que Louisa Hanoune elle-même avait bénéficié du soutien de ces mêmes organisations lorsqu’elle fut arrêtée en 2019 par exemple, pour « complot contre l’autorité de l’État et de l’armée ». Des accusations jugées infondées par de nombreuses ONG internationales. À l’époque, ces soutiens n’étaient pas perçus comme une ingérence, mais comme une défense de ses droits fondamentaux !.
La confusion entre action humanitaire et atteinte à la souveraineté nationale nuit au combat pour la vérité et la justice. Exiger que lumière soit faite sur le sort des disparus n’est ni une trahison ni une menace, mais un droit légitime pour les victimes et leurs familles.
En définitive, les ONG comme Amnesty International, ne visent pas à condamner des États, mais à maintenir vivantes les exigences de justice et de transparence. Plutôt que d’y voir un danger, il serait opportun de reconnaître leur rôle de miroir – parfois inconfortable – des réalités nationales.
Les disparitions forcées ont souvent servi de stratégie pour faire régner la terreur dans la société. Le sentiment d'insécurité résultant de cette pratique ne se limite pas aux proches de la personne disparue, mais touche aussi la communauté et l'ensemble de la société.
Car seule une volonté politique sincère, portée par des institutions transparentes, peut ouvrir la voie à une véritable réconciliation fondée sur la vérité et la justice.
Yacine M
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