En Algérie, nouveau tour de vis contre les universitaires
- cfda47
- 19 juin
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Dans une nouvelle note diffusée le 15 juin dernier, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique interdit aux chercheurs et autres universitaires de transiter par la France à cause « de la dégradation des relations » entre les deux pays.
Plus étonnant, le document signé par le secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique demande aux institutions universitaires de « refuser » les missions scientifiques financées par des organismes internationaux lorsqu’il est proposé de transiter par les aéroports français. Plus globalement, la circulaire du ministère de l’Enseignement supérieur, signée par un secrétaire général qui a quitté ses fonctions le lendemain, exige des universitaires algériens de ne plus se rendre en France.
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Il s’agit d’une énième « interdiction » que les autorités imposent aux universitaires. Il y a quelques mois, le ministère de l’Enseignement supérieur avait déjà exigé des « autorisations » émanant notamment des services de sécurité avant de se rendre à l’étranger. A cause de cela, de nombreuses missions ont été annulées ou au moins ajournées.
Des universitaires n’ont donc pas pu appuyer leur cursus par des voyages scientifiques à l’étranger, plus particulièrement en France. La venue de scientifiques étrangers est également soumise à la caution sécuritaire, aggravant ainsi l’isolement des universités algériennes.
Couper un scientifique ou un universitaire des contacts avec le monde extérieur est comme sortir un poisson de l’eau. Il va étouffer. C’est trop grave d’autant que les chances de sortie pour les scientifiques algériens sont trop limitées ; rares sont les universitaires qui ponctuent en effet leur formation par des stages à l’étranger, en contact avec d’autres environnements, d’autres modes de pensées et même d’autres productions scientifiques. C’est en se frottant à d’autres qu’on élargit ses connaissances, on ouvre de nouveaux horizons.
C’est d’autant plus vrai qu’avec les universités françaises, le contact est plus fluide de fait de la langue commune qui est le français et de la présence, dans les institutions universitaires françaises, de professeurs et chercheurs algériens ou d’origine algérienne.
Au-delà du cas français dans lequel les autorités brandissent à chaque fois la dégradation des relations entre les deux pays pour justifier les interdictions de voyager pendant que les entreprises des deux pays travaillent normalement, la répression qui touche les universitaires ne peut pas être isolée du climat général des restrictions des libertés que subissent toutes les franges de la société : journalistes, politiques, militants associatifs, scientifiques… tout le monde a goûté à sa part de la matraque du pouvoir qui se raidit régulièrement en devenant notamment paranoïaque.
Un esprit fermé ne voit pas en l’intelligence une chance pour le pays mais plutôt une menace pour son existence. Une erreur qui risque de coûter cher au pays.
E. Wakli
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