Dans une décision qui suscite la controverse, le Parlement britannique a adopté dans la nuit de lundi à mardi le projet de loi permettant l'expulsion vers le Rwanda de demandeurs d'asile entrés illégalement au Royaume-Uni. Ce projet, initialement annoncé par Boris Johnson et repris par le gouvernement de Rishi Sunak, ouvre la voie à des expulsions qui devraient intervenir rapidement.
Le projet de loi, surnommé le « Migrant Deal », a été l'objet d'un vif débat au sein du Parlement. Il prévoit l'expulsion des immigrés entrés illégalement au Royaume-Uni, quelle que soit leur provenance, notamment ceux ayant traversé la Manche de manière clandestine.
Ce plan est accompagné d'un nouveau traité entre Londres et Kigali, stipulant que le Rwanda accueillera les migrants en échange de sommes substantielles versées par le Royaume-Uni.
Mi-novembre, la Cour suprême britannique avait jugé illégal le projet initial, arguant que le Rwanda ne pouvait pas être considéré comme un « pays tiers sûr ».
Suite à cette décision, le gouvernement de Rishi Sunak a travaillé à un nouveau traité avec Kigali, qui a finalement permis l'adoption du projet de loi. Malgré les critiques portées contre le président rwandais Paul Kagame concernant les droits de l'homme, le texte définit désormais le Rwanda comme un « pays tiers sûr ».
Le processus législatif a été marqué par un « ping-pong parlementaire » entre la Chambre des lords et la Chambre des communes, où des amendements ont été proposés et débattus.
Bien que la chambre haute ait initialement souhaité des exemptions pour certains groupes, comme les alliés du Royaume-Uni à l'étranger, la chambre basse a finalement eu le dernier mot, sans apporter de modifications au texte.
Les premières expulsions devraient avoir lieu rapidement, comme l'a confirmé Rishi Sunak avant le vote.
Le Premier ministre a déclaré que « le premier vol partira dans dix à douze semaines », tandis que des juges ont été mobilisés pour traiter les dossiers et des places de détention ont été libérées en prévision de cette mesure.
Malgré les efforts du gouvernement pour mettre en œuvre ce projet, de nombreuses voix se sont élevées contre lui. L'ONU, l'Église anglicane, l'opposition travailliste et des associations d'aide aux migrants ont tous dénoncé cette initiative.
Avec une augmentation des traversées de la Manche cette année, ce projet de loi intervient dans un contexte de crise migratoire croissante et suscite de vives réactions au Royaume-Uni et au-delà.
Le nombre de morts de migrants dans la Manche depuis janvier 2024 égale déjà le nombre de décès sur toute l'année 2023.
Douze migrants ont perdu la vie et quatre ont été portés disparus en 2023 en tentant de traverser la Manche, selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.
La Rédaction
Comments