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Fabrice Riceputi brise l'omerta sur les massacres du 8 Mai 1945 en Algérie

L'historien Fabrice Riceputi offre un regard révélateur sur les motifs derrière le refus de la France de reconnaitre les massacres du 8 Mai 1945, mettant au jour des vérités susceptibles d'ébranler une certaine vision idéalisée du passé national.

 

Les nations, tout comme les individus, ont parfois tendance à enfouir les chapitres les plus sombres de leur histoire. Un réflexe, certes compréhensible, mais qui entrave la guérison et perpétue un cycle de déni. C'est précisément ce à quoi la France semble se livrer en refusant de reconnaître les effroyables massacres du 8 mai 1945 en Algérie. Une interrogation soulevée par Meriem Amellal sur France 24, à laquelle l'historien Fabrice Riceputi a apporté un éclairage gênant : ce fut un “chapitre particulièrement honteux de l'activité de la France en Algérie coloniale”.

 

Le cœur de cette réticence réside dans une vérité d'une amertume incommodante. Comme le souligne Riceputi en réponse à Amellal, “En France, à un moment, celui qui donne l'ordre à l'armée française d'aller bombarder les villages et de massacrer les civils par milliers, c'est ni plus ni moins que le général de Gaulle”. Une révélation qui ébranle l'image d'une “République française immaculée, toujours irréprochable”, chérie par certains.

 

Pourtant, lorsqu'il s'est agi de reconnaître les événements tragiques du 17 octobre 1961, le Président Macron a pu pointer du doigt “Maurice Papon, qui est une sorte de fusible mémoriel idéal”. Un bouc émissaire commode, ayant déjà été condamné pour complicité de crimes contre l'humanité sous le régime de Vichy. Une stratégie habile, mais qui ne saurait suffire face à l'ampleur des massacres de 1945.

 

Selon Riceputi, ces derniers représentent “quelque chose d'une toute autre ampleur et qui a des implications bien plus importantes”. Une reconnaissance aujourd'hui “susciterait la colère de ceux qui veulent croire en une histoire de la République française immaculée, toujours irréprochable”. Un défi de taille, tant le mythe d'une nation vertueuse semble profondément ancré dans certains esprits.

 

Au final, le silence assourdissant qui entoure cette page d'histoire n'est que le symptôme d'un malaise plus profond. Celui d'une nation qui peine à affronter l'étendue de ses propres actes passés, de peur de ternir une image idéalisée. Le déni, lui, ne fait qu'attiser les divisions et perpétuer un cycle de non-dits malsains.


Sophie K.

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