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Gallimard exclu du Salon d'Alger: “Houris” de Daoud au cœur de la tempête

Le 27e Salon international du livre d'Alger (SILA), prévu du 6 au 16 novembre 2024, se trouve au centre d'une controverse littéraire et diplomatique. Les éditions Gallimard, pilier de la littérature française, se sont vu refuser l'accès à cet événement majeur du monde de l'édition dans le Maghreb. Au cœur de cette décision, un roman : “Houris” de Kamel Daoud.

 

Publié en août 2024 par Gallimard, “Houris” aborde un sujet sensible : la décennie noire qui a ensanglanté l'Algérie de 1992 à 2002. L'ouvrage de Daoud, connu pour son style incisif et son regard critique sur la société algérienne, semble avoir franchi une ligne rouge pour les autorités du pays.

 

Antoine Gallimard, PDG de la maison d'édition éponyme, a confirmé avoir reçu un courrier l'informant de cette interdiction, sans toutefois en préciser les motifs. “Nous n'avons reçu aucune explication quant aux raisons de cette décision”, a-t-il déclaré.

 

La loi algérienne interdit en effet toute évocation dans un livre des événements sanglants de cette période, rendant de fait impossible la publication ou l'importation de “Houris” en Algérie. Cette censure s'étend désormais à la présence même de l'éditeur au salon du livre.

 

En réaction, Antoine Gallimard a annoncé que l'ensemble du groupe Madrigall, qui comprend notamment Flammarion, J'ai lu et Casterman, boycotterait l'événement par solidarité. Une décision qui amplifie l'impact de cette interdiction sur la scène littéraire internationale.

 

Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de tensions culturelles entre la France et l'Algérie. Selon des sources proches du dossier, le ministère algérien de la Culture aurait donné pour consigne d'“éviter tout ce qui est français”. Un climat qui rappelle l'incident de 2023, lorsque l'écrivaine Annie Ernaux, prix Nobel de littérature, s'était vu refuser un visa pour participer au SILA.

 

Le Syndicat national de l'édition français a exprimé sa solidarité avec Gallimard, regrettant une décision qui “prive le public algérien d'un accès à des œuvres majeures de la littérature contemporaine”.

 

L'affaire “Houris” et l'exclusion de Gallimard du SILA 2024 cristallisent les tensions autour de la liberté d'expression et de l'interprétation de l'histoire contemporaine algérienne. Cette décision, qui résonne au-delà des frontières littéraires, interroge la pérennité et la nature des relations culturelles franco-algériennes dans un climat diplomatique déjà fragile.



Sophie K.

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