Alors que s'ouvre ce jeudi la conférence internationale humanitaire pour Gaza sous l'égide de la France, 13 organisations non-gouvernementales tirent la sonnette d'alarme et adjurent les dirigeants mondiaux de prendre les dispositions qui s'imposent pour instaurer dans les plus brefs délais un cessez-le-feu.
Dans une déclaration commune lourde de sens, les ONG, parmi lesquelles Amnesty International, Médecins Sans Frontières, la FIDH ou encore le Conseil Norvégien pour les réfugiés (NRC), somment Emmanuel Macron et les autres chefs d'État présents à Paris de mettre tout en œuvre pour obtenir un cessez-le-feu. Elles les enjoignent également à prendre des mesures tangibles pour protéger les civils et garantir l'acheminement de l'aide humanitaire, devenue une denrée rare à Gaza.
«Nous recevons des appels de plus en plus désespérés à la protection et à l'aide de la part de nos travailleurs humanitaires à l'intérieur d'une bande de Gaza bouclée. Il est inacceptable qu'il n'y ait toujours pas de cessez-le-feu humanitaire, pas de couloirs humanitaires et pas de fin au siège étouffant. Des milliers de vies innocentes sont perdues. Les dirigeants du monde entier doivent exiger un cessez-le-feu et la reprise du processus permettant de s'attaquer aux causes profondes du conflit. L'absence d'action est une tâche de plus en plus grande sur notre conscience collective», s'est insurgé Jan Egeland, Secrétaire Général du Conseil Norvégien pour les Réfugiés.
Gaza, un « cimetière à ciel ouvert »
De son côté, Florence Rigal, présidente de Médecins du Monde, dresse un constat implacable de la situation sur place : «Gaza ressemble de plus en plus à un cimetière géant où les civils et les aidants meurent en masse sous l’effet des bombardements aveugles et d’un siège mortifère. Les besoins humanitaires sont colossaux, alors que le système de santé est à terre et l’aide totalement insuffisante. Un cessez-le-feu est une urgence vitale. Nous attendons que les Etats participant à la conférence s’engagent fortement dans ce sens et prennent des mesures concrètes pour y parvenir au plus vite, pour arrêter le massacre et sauver des vies.»
Isabelle Defourny, présidente de Médecins Sans Frontières abonde dans le même sens : «Au nom du principe d’humanité, les hôpitaux prenant en charge des blessés doivent être épargnés en toute circonstance. Face à la situation sanitaire catastrophique dans laquelle la population se trouve et face à l'ampleur des besoins, l'obtention d'un véritable cessez-le-feu relève de l'urgence vitale. Nous demandons aux Etats présents à la conférence de dire quels efforts concrets sont déployés pour obtenir ce cessez-le-feu, condition sine qua non au déploiement des secours.»
Diana Alzeer, vice-présidente de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), déplore quant à elle que «la portée de la conférence humanitaire ne tient pas compte de l'obligation des États tiers d'empêcher les atrocités et les crimes commis contre les Palestiniens en ce moment même». «L'appel à un cessez-le-feu est une priorité pour mettre fin au massacre des civils. L'aide humanitaire inconditionnelle, l'eau, le carburant, les médicaments et la nourriture doivent être autorisés et distribués dans toutes les parties de la bande de Gaza», estime-t-elle.
Enfin, le Directeur Général de War Child UK, Rob Williams témoigne : «Plus d'une centaine d'enfants ont été tués chaque jour à Gaza au cours du mois dernier. Des milliers d'autres se sont retrouvés sans nourriture, sans eau potable, sans maison et avec de graves besoins en matière de santé physique et mentale. Beaucoup ont perdu toute leur famille. Nous ne pouvons pas tourner le dos à ces enfants et laisser cette situation perdurer. Nous assistons à une catastrophe humanitaire, et des générations entières s'en souviendront si les gouvernements n'agissent pas maintenant pour obtenir un cessez-le-feu et l'acheminement de l'aide en toute sécurité.»
Soutenu par plus de 700 organisations et 820 000 individus à travers le monde, cet appel au cessez-le-feu immédiat témoigne de l'exaspération des humanitaires face à l'inaction des gouvernements.
Sophie K.
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Signataires :
Amnesty international (AI), Action contre la Faim (ACF), CCFD-Terre Solidaire, le Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC), la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), Handicap International - Humanité & Inclusion (HI), Médecins du Monde (MDM), Médecins sans frontières (MSF), Oxfam France, la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, Première Urgence Internationale (PUI), UOSSM-International et War Child UK.
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