L'ONG dénonce l'utilisation du nord de Gaza comme «un terrain de tir libre» par l'armée israélienne et exige le respect des Conventions de Genève.
L'organisation de défense des droits humains Amnesty International a vivement condamné samedi l'ordre « irresponsable » de l'armée israélienne exigeant l'évacuation immédiate de plus d'un million de Palestiniens dans le nord de la bande de Gaza.
Dans un communiqué publié le 14 octobre, Amnesty a dénoncé cette mesure comme un « déplacement forcé » constituant une violation flagrante du droit international humanitaire.
Cet ordre donné le 13 octobre ne laissait aux habitants de Gaza que 24h pour fuir vers le sud, un délai décrit par Amnesty comme « impossible » à tenir. La mesure a provoqué des scènes de chaos et de panique généralisée dans la population civile, avec des milliers de déplacés contraints de dormir dans les rues, ne sachant où trouver refuge ni comment échapper aux bombardements.
«Cet ordre irresponsable et dangereux doit être immédiatement révoqué par les autorités israéliennes. Les attaques disproportionnées et aveugles contre Gaza doivent cesser avant qu'il ne soit trop tard », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale de l’ONG.
Depuis le 7 octobre, le ministère de la Santé à Gaza fait état de plus de 1500 Palestiniens tués, dont de nombreux enfants, et 6600 blessés dans les frappes israéliennes. Le bilan réel serait encore plus lourd selon Amnesty, de nombreuses victimes n'ayant pu être dégagées des décombres. Ces bombardements massifs faisaient suite à des tirs de roquettes du Hamas sur Israël ayant tué 1200 civils israéliens.
Amnesty rappelle qu'en tant que puissance occupante, Israël a l'obligation absolue selon le droit international de protéger la population civile palestinienne. L'ONG dénonce l'utilisation du nord de Gaza comme « un terrain de tir libre » par l'armée israélienne et exige le respect des Conventions de Genève.
Une nouvelle « Nakba » pour les Palestiniens de Gaza
La majorité des habitants de Gaza sont des descendants de réfugiés déplacés lors de la Nakba de 1948, qui vit le départ forcé de 750.000 Palestiniens de leurs foyers. Avec cet ordre d'évacuation, beaucoup ont le sentiment de revivre le traumatisme du déplacement subi par leurs parents et grands-parents il y a 75 ans.
«La communauté internationale ne peut pas rester inactive et silencieuse pendant qu'Israël expulse de force plus d'un million de civils palestiniens de leurs maisons», soutient Agnès Callamard.
Les conditions humanitaires catastrophiques sur place, routes détruites, hôpitaux surpeuplés, pénuries de carburant et d'électricité, rendent impossible une évacuation massive dans l'urgence comme le demande Israël.
Amnesty International en appelle à une intervention d'urgence de la communauté internationale pour faire respecter le droit international et protéger les civils pris au piège à Gaza.
Sophie K.
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