Dans une déclaration qui a fait l'effet d'une bombe, Nabil Ouazaa, président de l'organisation marocaine des droits de l'homme et de lutte contre la corruption, a lâché une phrase qui résonne comme un aveu accablant : « Il n'y a pas de droits de l'Homme ici ! Ce ne sont pas des jeunes, c'est une mafia ! Ils méritent d'être arrêtés ! ».
Ces mots, prononcés à propos des centaines de jeunes Marocains tentant désespérément de franchir la frontière vers Ceuta, révèlent une fracture béante entre le discours officiel et la réalité brutale vécue par de nombreux citoyens.
Ironie mordante du sort, cette déclaration intervient alors que le Maroc a été élu en janvier dernier à la présidence du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Un contraste saisissant qui soulève des questions sur la légitimité de cette nomination et sur l'état réel des droits humains dans le royaume chérifien.
Pendant ce temps, le cri déchirant d'une jeune mère marocaine résonne comme un écho sinistre à la rhétorique officielle. « Je vendrai mon rein... et je fuirai le Maroc, même par la force. Nous avons faim, nous mourons en silence ! », lance- t-elle au micro d’un média local. Cette confession poignante met en lumière la détresse profonde qui pousse des centaines de jeunes à risquer leur vie pour atteindre les côtes espagnoles.
Face à cet exode massif, il n’a pas été surprenant que certains, dont M. Ouazaa lui-même, pointent du doigt l'Algérie voisine, l'accusant d'être à l'origine de cette crise. Cependant, une telle manœuvre ne ferait que détourner l'attention des véritables enjeux internes auxquels le Maroc est confronté.
La réalité sur le terrain est alarmante. Les forces de l'ordre marocaines se retrouvent dans la position inconfortable de devoir réprimer leurs propres concitoyens. Des heurts violents ont éclaté, faisant des blessés des deux côtés. Plus tragique encore, un corps sans vie a été repêché sur une plage de Fnideq, symbole glaçant du coût humain de cette crise.
Les autorités marocaines, prises au dépourvu par l'ampleur du phénomène, tentent de juguler le flux en arrêtant ceux qui, sur les réseaux sociaux, incitent à l'exil. Mais ces mesures semblent bien dérisoires face à la détermination de jeunes qui n'ont plus rien à perdre.
Sophie K.
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