Les activistes du Hirak et les militants de défense des droits humains, en plus du harcèlement policier et judiciaire, voient s’abattre sur eux, l’interdiction de quitter le territoire national.
Harcèlement policier, poursuites judiciaires, détention préventive…les intimidations des autorités algériennes envers les militants et activistes, qu’ils soient issus du Hirak ou des organisations de défense des droits humains, se poursuivent toujours. Et ce, malgré la fin du mouvement populaire.
Mais le plus inquiétant vient de cette nouvelle mesure qui vient s’ajouter à la longue liste des restrictions imposées aux militants depuis au moins deux ans : L’ISTN, cette pratique, qui a commencé en 2020, a eu des répercussions extrêmement graves sur les droits des manifestants et a limité leur liberté de mouvement.
Le Hirak est un mouvement populaire en Algérie qui a émergé en 2019. Il est né de la frustration de la population face à la corruption généralisée, à l'injustice économique et aux violations des droits de l'homme. Des millions de citoyens, issus de toutes les couches sociales, sont descendus dans la rue pour exprimer leur mécontentement.
Cependant, ces manifestations pacifiques ont été accueillies par des mesures répressives inédites telles que la criminalisation de la diffamation et l'utilisation abusive des lois sur l'antiterrorisme, ainsi que…l'interdiction de sortie du territoire national.
Les militants concernés par cette mesure arbitraire sont souvent des personnes qui ont joué un rôle actif dans le Hirak. Ils sont souvent accusés de charges telles que « atteinte à l'unité nationale » ou « incitation à attroupement non armé ».
Et bien qu’elle touche plusieurs régions du pays, la wilaya de Béjaïa, vient en pôle position avec le nombre le plus élevé- même si ce dernier reste difficile à déterminer- de militants frappés d’ISTN.
L’on citera entre autres, Yazid Mebarki, Rafik Amzal, Lyes Touati, Merzoug Touati, Karim Djidjeli, Omar Aït Larbi, Malek Sadali, ex-cadre du FFS.
Cette sanction vise également les défenseurs des droits humains, et ce, afin de limiter leurs actions au niveau international. Le cas de Kaddour Chouicha, président du bureau de la ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), dissoute par la justice algérienne, en Octobre 2022.
Le militant a été refoulé à l’aéroport Houari Boumediene d’Alger, le 24 août 2022, alors qu’il s’apprêtait à se rendre à Genève pour prendre part à une réunion au siège de l’organisation des Nations Unies (ONU), sur la situation des droits humains.
Violation du droit international : un rappel alarmant de l’impunité et de l’oppression
Depuis plusieurs jours, des militants et des activistes à travers le pays, sont convoqués parles autorités compétentes, afin de leur notifier le renouvellement de leur interdiction de quitter le territoire national.
Cette décision n’a pas manqué de susciter de vives préoccupations tant au niveau national qu'international, car en violation avec les principes énoncés dans les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, auxquels l'Algérie est partie.
En effet, l'alinéa 2 de l'article 12 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), dont l'Algérie est signataire, stipule que « toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien ».
L'interdiction de sortie du territoire national est donc une violation manifeste du droit à la libre circulation consacré par ce pacte international.
« C’est une forme de représailles contre ceux qui osent exprimer des opinions critiques envers leur gouvernement », estiment de nombreux militants dont cette mesure leur est imposée depuis plus de… deux ans.
K. Abbad