Au cœur de l’Algérie, le 20 avril 1980 illumine la quête des Kabyles pour la reconnaissance de leur identité et de leur langue, un héritage bâti dans l’étoffe même de leur existence. Contrairement aux événements d’avril 1980, peu d’écrits ont été consacrés aux manifestations du 19 mai 1981 à Béjaïa et à Alger.
Bien que le 20 Avril 1980 (Printemps berbère) soit une date référentielle, mais à force de ne s’évertuer qu’à sa célébration, on oublie le 19 Mai 1981 qui n’est en réalité que son prolongement.
Aucun ouvrage n’est consacré au mouvement populaire du 19 mai 1981 soit par les acteurs du moment, des chercheurs ou essayistes. Et pourtant, la ville de Béjaïa a été le théâtre de grandes manifestations en ce 19 mai 1981, date commémorative de la journée nationale de l’étudiant.
Les manifestations publiques ont été vite réprimées et avec brutalité. Des émeutes éclatent et des arrestations massives ont été enregistrées, notamment chez les acteurs issus de la population lycéenne.
Ces événements du 19 mai 1981 ont largement contribué à l’ancrage de la revendication amazighe, des revendications démocratiques et sociales à Béjaïa. Ce mouvement a contribué aussi à l’émergence de nouveaux acteurs jeunes et contestataires,
Le mouvement a été déclenché dans les cinq lycées de Béjaïa, la date a été certes choisie, mais les revendications soulevées sont indissociables de celles d’avril 1980.
Beaucoup disaient que les revendications ne s’étaient limitées qu’au maintien du projet de la réalisation du centre universitaire de Béjaïa, qui allait être déplacé à Jijel, mais en réalité, cela était la goutte qui a fait déborder le vase. Pour rappel, c’est la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’une population sort dans la rue pour « revendiquer une université » !
D’ailleurs, les revendications énumérées sur le tract étaient l’officialisation de Tamazight, la libération inconditionnelle des détenus, la justice sociale et la dénonciation de la situation socioéconomique d’alors.
Le mouvement s’était élargi aux citoyens et aux syndicats.
Le même jour, plusieurs grèves ouvrières dans le secteur économiques et dans la Fonction publique ont été enregistrées en guise de solidarité avec le mouvement populaire. Des témoignages d’autres acteurs confirment l’implication importante des étudiants de l’université de Sétif.
Liste des détenus arrêtés à la wilaya de Bejaia (condamnés à des peines allant de quelques mois à quatre ans de prison) :
•Abdelaziz Merabet (lycéen),
•Mouloud laichouchene (lycéen).
•Ali Gharbi (enseignant),
•Abdelkader Guidjou (enseignant),
•Ali Dai (enseignant),
•Salah Moussouni (enseignant),
•Tayeb Chebi (enseignant),
•Mohamed-Ourabah Nait Heddad (enseignant).
•Kamel Merdes (fonctionnaire),
•Khelil Aizel (fonctionnaire),
•Moussa Talbi (ouvrier),
•Mouloud Belal (ouvrier).
•Hamid Lakhdari (employé).
•Moussa Cheurfa (agent technique).
•Mohand Cherif Bellache (lycéen),
•Boukhalfa Bellache (lycéen),
•Mohandd Larbi Boutrid (lycéen),
•Salah Taybi (lycéen),
•Azzedine Madaoui (lycéen),
•Zaher Chibane (lycéen),
•Djamel Menguelati (lycéen),
•Zaher Aouchiche (lycéen),
•Med Salah Messalti (lycéen),
•Mokrane Agoune (lycéen),
•Zoubir Tarki (lycéen),
•Med Said Belalouache (lycéen),
•Abdenacer Yanat (lycéen),
•Ali Benamsili (lycéen),
•Mustapha Brahiti (lycéen),
•Farid Zadi (lycéen),
•Med Akli Benalaoua (lycéen),
Seize (16) personnes sont arrêtées à Akbou dans la wilaya de Bejaia (condamnés à des peines allant de quelques mois à quatre ans de prison) :
•Abdennour Benyahia,
•Abdennour Meldiloufi,
•Abdelmalek Halfaoui,
•Abderrahmane Nasroune,
•Youcef Chilha,
•Hider Chikhoune,
•Zoubir Berkani,
•Amar Idri.
•Amar Boukedami,
•Smail Ait Meddour,
•Belkacem Souagui,
•Zoubir Chekkar,
•Mebrouk Hamidouche,
•Abdesslam Tiar,
•Smail Maamri,
•Mokrane Baaziz,
Les détenus arrêtés à Bejaia lors du premier procès:
•Tari Aziz (étudiant)
•Zenati Djamel (étudiant)
•Lamari Dris Gérard (étudiant).
Dans la capitale algérienne ainsi qu'à Annaba, les meetings sont interrompus par des groupes « intégristes » qui s'en prennent en particulier aux partisans de la « diversité culturelle ». Les locaux universitaires doivent être fermés et plusieurs arrestations ont lieu. Le lendemain, à l'occasion d'un discours public, le président Chadli Bendjedid dénonce le « fanatisme » et déclare qu'il assumera « pleinement ses responsabilités à l'égard de tous les éléments perturbateurs ». Sauf qu’aucun « intégriste » n’a été arrêté ni inquiété !
La rédaction