Kamel Daoud face à l’engagement de Rima Hassan : une critique de "l’indignation sélective"
- cfda47
- 9 juin
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Rima Hassan, eurodéputée franco-palestinienne, a récemment attiré l’attention lors de son voyage vers Gaza à bord du navire humanitaire Madleen. Son objectif était d’acheminer une aide essentielle à la population palestinienne, mais l’embarcation a été interceptée par l’armée israélienne. Au cours de cette traversée, un événement imprévu s’est produit : le bateau a modifié son itinéraire pour secourir quatre migrants soudanais en détresse en mer Méditerranée.
Après cinq jours en mer et deux jours sans moteur, ces naufragés ont été pris en charge par l’équipage, dont Rima Hassan. Elle a ensuite dénoncé la responsabilité de l’Union européenne dans la gestion des migrations et a plaidé en faveur d’une réponse politique conforme au droit international. Rima Hassan a utilisé cet événement pour interpeller les institutions européennes sur leur gestion des flux migratoires et leur responsabilité dans les drames en Méditerranée. Ce sauvetage a donc aussi nourri un débat sur les politiques de contrôle aux frontières, la solidarité internationale et la manière dont les États européens répondent aux urgences humanitaires.
Cet événement a suscité des réactions diverse, certains saluant son engagement humanitaire, tandis que d’autres critiquent la hiérarchisation des causes défendues par les figures politiques.
Migrants, Palestine et hiérarchisation des causes : le débat autour de Rima Hassan
Cette intervention en mer a été vue comme un rappel brutal de la complexité des enjeux migratoires. Certains ont salué la réactivité du navire et le choix de secourir ces personnes en détresse, tandis que d’autres ont pointé une forme d’indignation sélective, questionnant pourquoi la crise migratoire ne semblait pas être au cœur de son engagement auparavant.
Si son action a été saluée pour son humanité, elle a aussi généré des critiques. Certains observateurs politiques, comme Kamel Daoud, ont souligné une forme de priorisation idéologique dans les luttes politiques : pourquoi la question migratoire n’était-elle pas aussi centrale dans son engagement avant cet incident ? Cette réflexion pose la question plus large de l’indignation sélective et du poids médiatique accordé à certaines crises plus qu’à d’autres. Daoud pointe le fait que l’indignation médiatique et politique se concentre sur certains conflits, tandis que d’autres urgences, comme les migrations africaines, sont souvent reléguées au second plan.
Rima Hassan et Kamel Daoud : deux visions opposées de l’engagement politique
Kamel Daoud critique souvent la manière dont certains engagements politiques et humanitaires sont perçus et hiérarchisés dans l’espace médiatique et militant. Concernant Rima Hassan, il semble s’interroger sur sa posture et sur la portée de son engagement. Il met en avant ce qu’il perçoit comme une contradiction entre son combat pour les Palestiniens et son attitude face à la question migratoire.
Dans ses chroniques, Daoud insiste sur l’idée que certaines causes sont priorisées selon une vision idéologique, plutôt que sur des critères humanitaires universels. Son analyse repose sur une réflexion plus large sur l’identité, la mémoire coloniale et l’engagement politique en France. En comparant Hassan à d’autres figures publiques, il semble vouloir souligner une tendance à l’indignation sélective et questionne la sincérité et l’efficacité de certains combats.
Kamel Daoud a exprimé des critiques envers Rima Hassan dans certaines de ses chroniques. Dans un article publié en avril 2024, il compare son approche à celle de Malika Sorel-Sutter, eurodéputée du Rassemblement National, et met en avant ce qu’il considère comme une vision plus « lucide » de l’immigration et de la laïcité. Il semble percevoir Rima Hassan comme adoptant une posture plus revendicative et victimaire.
Kamel Daoud a souvent abordé la question des migrations dans ses écrits, notamment en critiquant ce qu’il perçoit comme une instrumentalisation politique du sujet. Dans son recueil Avant qu’il ne soit trop tard, publié en 2025, il développe une réflexion sur l’immigration et la manière dont elle est traitée dans le débat public. Il met en avant une vision sceptique des discours humanitaires, estimant que certains acteurs politiques utilisent la question migratoire pour servir des intérêts idéologiques plutôt que pour répondre à une urgence humanitaire réelle.
Quand Gaza croise la Méditerranée : l’intervention humanitaire qui divise
Le débat qui en découle dépasse le cas personnel de Rima Hassan : il interroge sur la place des migrations dans les combats politiques et sur la manière dont certains engagements sont médiatisés. La question de l’Union européenne et de ses politiques migratoires a également été soulevée dans ce contexte, avec des critiques sur la gestion des flux et le respect du droit international.
Kamel Daoud et Rima Hassan incarnent deux visions opposées du débat politique en France. Le positionnement de Daoud sur Hassan a alimenté des controverses. Certains voient dans ses critiques une mise en garde contre un militantisme qu’il juge sélectif, tandis que d’autres l’accusent d’adopter une posture trop proche des discours de l’extrême droite. En comparant Hassan à des figures comme Malika Sorel-Sutter, il cherche à souligner des approches divergentes de la laïcité et de l’immigration, ce qui renforce le débat sur la place des identités dans le discours politique français.
Concernant l’affaire du sauvetage des migrants par la flottille de Rima Hassan, Daoud pourrait voir cet événement comme une illustration de la complexité du débat sur l’accueil des réfugiés. Il a déjà exprimé des réserves sur la hiérarchisation des causes et sur la manière dont certaines crises sont mises en avant au détriment d’autres. Son approche critique interroge la sincérité des engagements politiques et la cohérence des discours sur l’immigration.
Yacine M
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