Dans une déclaration émise par son Collectif de défense, l'ancien ministre de la Défense algérien, Khaled Nezzar, a catégoriquement nié les accusations portées contre lui par le bureau du procureur suisse.
Les avocates Caroline Schumacher et Maghali Bouzer, qui représentent Khaled Nezzar, ont affirmé que leur client « nie fermement avoir commis, ordonné, comploté ou même toléré des actes pouvant être qualifiés de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité ». Ils ont souligné que le général Khaled Nezzar « s'est toujours opposé à la torture et l'a publiquement condamnée dans les années 1990.»
Le Collectif de défense a également mis en évidence le caractère « politique » de l'affaire depuis le début, notant que « les plaignants étaient affiliés au projet islamiste extrémiste », tandis que Khaled Nezzar « représentait un courant opposé à ce projet.»
Ils ont par ailleurs pointé du doigt « les incohérences et les irrégularités » dans la conduite de l'enquête du bureau du procureur suisse.
« L'enquête a été marquée par des périodes d'accélération, suivies de longues périodes d'inaction, puis de reprise après que l'affaire ait été classée en janvier 2017 et la reprise du procès après une décision rendue par le tribunal de Bellinzone en 2018 », ont-ils déclaré.
Les avocates de Khaled Nezzar ont également remis en question la partialité des rapports de la police judiciaire fédérale sur lesquels repose le dossier, les qualifiant de «rédigés sur la base de sources et de publications biaisées d'auteurs douteux».
Le Collectif de défense a également exprimé sa « frustration » face au refus systématique des demandes de la défense, notamment la demande d'une expertise impartiale sur le contexte historique de l'affaire, ainsi que l'audition de témoins pouvant fournir un récit différent de celui adopté par les enquêteurs. En outre, ils ont déploré le manque d'accès au dossier pour la défense.
Khaled Nezzar jugé en Suisse pour crimes de guerre présumés
Le Ministère public de la Confédération suisse a annoncé le 29 août dernier, que Khaled Nezzar, ancien ministre algérien de la Défense, comparaîtra devant la Cour pénale fédérale pour répondre d'accusations de « crimes de guerre et crime contre l’humanité » présumées.
Les charges sont lourdes. Khaled Nezzar est soupçonné à minima « d'avoir consenti à la torture et à des traitements inhumains et dégradants », avait indiqué le communiqué du Ministère public helvétique.
L’ancien ministre de la Défense aurait également délibérément coordonné et encouragé ces pratiques en pleine connaissance de cause. Sont également reprochées « des atteintes à l'intégrité physique et mentale, des arrestations arbitraires et des exécutions extrajudiciaires.»
L'acte d'accusation s'appuie sur « des preuves tangibles et des faits corroborés par des enquêtes fouillées et les auditions des plaignants », ajoute-t-on.
Agé aujourd'hui de 85 ans, Khaled Nezzar avait déjà été arrêté lors d'un séjour à Genève en 2011, après une plainte déposée par l'ONG Trial International.
Une information judiciaire avait ensuite été ouverte, avant un classement sans suite en 2017.
Sophie K.
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