L’Agence Presse Service (APS) fait débat dans les milieux journalistiques après la publication d'une dépêche sur l'arrestation de Boualem Sansal. Le texte de l'agence officielle algérienne accumule les entorses aux règles déontologiques de base, avec un ton et un style qui contredisent les standards professionnels d'un média d'État.
Le ton employé détonne dès les premières lignes. “L'agitation comique d'une partie de la classe politique et intellectuelle française sur le cas de Boualem Sansal est une preuve supplémentaire de l'existence d'un courant haineux contre l'Algérie”, écrit-on Cette introduction, aux antipodes de la neutralité journalistique attendue, annonce un texte qui tient davantage du pamphlet que du reportage factuel.
Plus préoccupant encore, l'article multiplie les attaques ad hominem et les formulations polémiques. La description des personnalités ayant réagi à l'arrestation de Sansal comme un « bottin anti-algérien et accessoirement pro-sioniste de Paris » illustre cette dérive vers un style pamphlétaire peu compatible avec les missions d'une agence de presse nationale.
La confusion entre information et commentaire atteint son paroxysme dans le traitement des réactions internationales. Au lieu de rapporter objectivement les prises de position des différents acteurs, la dépêche verse dans la caricature et l'invective, notamment à travers des formulations telles que « La France Macronito-Sioniste ».
Cette approche éditoriale contraste nettement avec les missions fondamentales d'une agence de presse officielle. La vocation première de l'APS est de fournir une information fiable, vérifiée et équilibrée. Or, la crédibilité d'un média d'État repose essentiellement sur son professionnalisme et sa capacité à maintenir une distance journalistique, y compris face aux critiques les plus acerbes. Le ton adopté dans cette dépêche s'éloigne manifestement de ces principes de base du journalisme d'agence.
Des observateurs du paysage médiatique algérien s'inquiètent de cette dérive. « Une agence de presse nationale se doit de respecter certains standards journalistiques, même dans le traitement d'affaires sensibles », souligne un journaliste souhaitant garder l'anonymat. « La virulence du ton utilisé dessert le message et affaiblit la portée de l'information », poursuit-il.
Cette controverse ravive le débat sur l'indépendance éditoriale des médias publics et leur positionnement dans le paysage médiatique national. Un dilemme se dessine entre la défense des intérêts nationaux et le respect des fondamentaux du journalisme professionnel. Comment concilier mission de service public et déontologie journalistique ?
L'enjeu est de taille : la crédibilité d'une agence de presse nationale constitue un atout stratégique dans la bataille mondiale de l'information. Un traitement plus mesuré, privilégiant les faits aux jugements de valeur, servirait probablement mieux les intérêts du pays tout en préservant la réputation professionnelle de l'APS.
Sophie K.