Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, vient de conclure une série d'accords majeurs avec la Mauritanie et la Gambie dans le but de gérer efficacement les flux migratoires. Cette initiative diplomatique intervient dans un contexte marqué par une augmentation sans précédent des arrivées de migrants aux îles Canaries, porte d'entrée de l'Europe pour de nombreux Africains en quête d'un avenir meilleur.
Au cœur de ces accords se trouve le concept de "migration circulaire", un mécanisme visant à établir un cadre pour des entrées régulières sur le sol espagnol, en fonction des besoins de main-d'œuvre. Cette approche novatrice s'accompagne d'un renforcement de la collaboration contre la criminalité organisée, notamment le trafic d'êtres humains.
Sánchez prône une politique équilibrée, alliant fermeté contre les réseaux de passeurs et humanité envers les migrants. "L'immigration n'est pas un problème, mais une nécessité qui s'accompagne de certains défis", a-t-il déclaré, soulignant la complexité de la situation.
Le projet pilote de "migration circulaire" avec la Mauritanie, prévu pour une durée initiale d'un an, illustre cette approche pragmatique. Il prévoit que l'Espagne communiquera des offres d'emploi à Nouakchott, qui sélectionnera des candidats pour travailler temporairement en Espagne. Les travailleurs sélectionnés devront obtenir un visa, signer un contrat et s'engager à retourner dans leur pays à la fin de leur mission.
En contrepartie de ces opportunités, la Mauritanie s'est engagée à durcir sa législation contre l'immigration irrégulière. Une réunion parlementaire est prévue pour examiner la création d'un tribunal spécialisé chargé de réprimer le trafic de migrants et l'instauration de nouvelles dispositions pénales.
La coopération s'étend au-delà de la gestion migratoire. L'Espagne s'engage à contribuer financièrement à des initiatives de formation en Mauritanie et prévoit l'ouverture d'un Institut Cervantes dans le pays. En Gambie, Madrid renforce sa présence sécuritaire, notamment au port de Banjul.
Cette tournée africaine de Sánchez témoigne de la volonté de l'Espagne de "donner un nouvel élan à ses relations avec l'Afrique". Elle intervient dans un contexte régional complexe, la Mauritanie accueillant déjà quelque 200 000 réfugiés, principalement originaires du Sahel.
Face à l'augmentation spectaculaire des arrivées de migrants (hausse de 126% aux Canaries depuis janvier), ces accords représentent une tentative de l'Espagne d'adopter une approche globale et équilibrée. En conjuguant contrôle des frontières, coopération internationale et ouverture à une immigration régulée, Madrid espère ainsi relever les défis migratoires tout en préservant ses intérêts et ceux de ses partenaires africains.
Sophie K/agences
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