L’ombre persistante du FIS : entre procès et mémoire douloureuse
- cfda47
- 10 juin
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En septembre 2023, Ali Benhadjar est sorti de sa retraite pour lire un communiqué destiné aux autorités, appelées à élargir d’anciens cadres du FIS-dissout. Cet ancien chef du groupe armé AIS, l’armée islamique du Salut, qui a signé au nom des « cadres du FIS authentique » a également réclamé l’ouverture du champ politique et médiatique. Quelques jours après, il a été arrêté en compagnie de 19 autres « camarades » de lutte. Poursuivis pour « création d’organisation dont l’activité est le soutien et l’apologie du terrorisme et adhésion à un groupe terroriste », « la volonté de changer le système politique en dehors du cadre constitutionnel » et « diffusion d’informations susceptibles de porter atteinte aux intérêts de la nation », ils seront jugés par le tribunal criminel près la Cours d’Alger le 26 juin prochain.
Le procès, prévu le 26 juin devant le tribunal criminel près la Cour d'Alger, remet en lumière des questions non résolues de la décennie noire et du statut des anciens dirigeants des groupes armés.
Ali Benhadjar et les anciens cadres du FIS : entre justice et mémoire politique
La programmation de ce procès remet au-devant de la scène une des facettes de la décennie noire. Des défenseurs des droits de l’Homme et des activistes réclament par intermittence la libération de plusieurs dizaines de détenus de la décennie 1990. Considérés par les autorités algériennes comme des terroristes, ces prisonniers qui sont parfois à plus de 30 ans de détention souffrent en majorité d’entre eux de maladies chroniques. Ils sont tous des personnes âgées; ce qui nécessite leur libération selon ces activistes. Mais les autorités ne veulent rien entendre et évitent même d’aborder le sujet.
Au-delà de la situation de ces anciens détenus, l’immersion du dossier FIS dans le calendrier judiciaire algérien remet également le débat sur le statut des anciens dirigeants des anciens groupes armés. Interdits d’activité politique en vertu de la loi sur la Concorde civile, certains d’entre eux ont continué à occuper les devant de la scène médiatique. Pour cela, ils se sont appuyés sur la confusion de cet article qui ne définit pas de nom particulier. En mettant tout le monde dans le même sac sans donner plus de précision, cette loi a ouvert la voie à toutes les interprétations. Un argument que Ali Benhadjar, directement concerné par la disposition puisqu'il était à la tête d'un groupe armé qui avait bénéficié d'une mesure de grâce.
Cette affaire des anciens du FIS, ajoutée à la douloureuse affaire des disparus, confirme en effet que malgré la promulgation de deux lois sous Abdelaziz Bouteflika, la période de la guerre civile n’est pas soldée. Si les deux textes ont obligé certaines parties et des victimes à ranger leurs douleurs ou à se taire, la problématique reste entière et ces douleurs enfouies peuvent ressurgir à tout moment. Et les exemples de part le monde ne manquent pas.
E. Wakli
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