La gestion migratoire algérienne : humanisme affiché, répression appliquée
- cfda47
- 10 juin
- 2 min de lecture

Le silence des autorités algériennes et nigériennes face aux expulsions massives de migrants vers le Niger continue d’alimenter les critiques et les inquiétudes. Alors que plus de 16 000 personnes ont été refoulées en seulement deux mois, aucune déclaration officielle n’a été faite pour justifier ces actions ou en expliquer les motivations. Cette absence de communication nourrit les spéculations sur une possible volonté de minimiser l’impact médiatique de ces expulsions.
L’Algérie adopte une politique migratoire ambivalente, oscillant entre discours d’intégration et mesures répressives. D’un côté, le gouvernement met en avant une volonté d’hospitalité, évoquant la contribution des migrants à l’économie nationale, notamment dans les secteurs du bâtiment et de l’agriculture. Le président Abdelmadjid Tebboune a même suggéré la possibilité de régulariser certains travailleurs sans papiers. Pourtant, cette ouverture affichée contraste fortement avec la réalité sur le terrain : les expulsions massives de migrants subsahariens se multiplient, souvent dans des conditions dénoncées par les ONG.
Plusieurs organisations de défense des droits humains, telles qu’Alarme Phone Sahara, dénoncent ce qu’elles considèrent comme une violation des droits fondamentaux, soulignant que de nombreux migrants sont laissés à eux-mêmes dans le désert, sans eau ni nourriture, dans des conditions mettant leur survie en péril. Le Niger, de son côté, commence à redouter une crise humanitaire, l’afflux de migrants expulsés compliquant les efforts de rapatriement et de réinsertion. Malgré les tensions croissantes, Niamey reste prudent dans ses déclarations, cherchant à gérer cette situation sans provoquer de conflit diplomatique avec Alger.
Droits humains et politique migratoire : un double discours inquiétant
En parallèle, l’Algérie affiche une politique migratoire paradoxale : alors qu’elle affirme travailler à l’intégration des étrangers, elle intensifie les expulsions collectives, principalement vers des zones désertiques où les températures sont extrêmes. Ce double discours renforce les interrogations sur les véritables intentions des autorités et sur la gestion des flux migratoires dans la région.
L’absence de positionnement clair du gouvernement algérien laisse place à un flou inquiétant, alors que la pression internationale pour une réponse plus humaine et coordonnée continue de croître.
Les autorités justifient ces expulsions par la lutte contre l’immigration irrégulière et la criminalité transfrontalière. Cependant, les méthodes employées sont critiquées : arrestations arbitraires, absence de procédure légale et abandon des migrants dans des zones désertiques où les températures dépassent 47°C. Cette approche répressive alimente un climat de peur et de stigmatisation, renforcé par des discours xénophobes relayés sur les réseaux sociaux et certains médias.
Ce paradoxe met en lumière les tensions entre les impératifs sécuritaires et les engagements internationaux en matière de droits humains. Alors que l’Algérie se positionne comme un acteur régional clé, sa gestion des flux migratoires soulève des interrogations sur la cohérence de sa politique et sur l’impact de ces expulsions sur ses relations diplomatiques avec les pays voisins.
Yacine M
留言