
La Libye organise fin novembre une conférence sur la migration légale, avec la participation de l'Italie et de l'UE. Un changement de paradigme qui arrange l'Europe mais complique la tâche des milices libyennes.
La Libye s'apprête à opérer un virage à 180 degrés dans sa politique migratoire. Le gouvernement d'union nationale de Tripoli a décidé d'organiser les 27 et 28 novembre une conférence sur la migration légale, intitulée « Méditerranée sûre et Sud stable ». Cette initiative se tiendra sous l'égide de l'Italie, de l'Union européenne (UE) et des pays du Sahel, d'après l'agence de presse italienne Nova.
Ce sommet traduit la volonté des autorités libyennes de mettre fin à la conception de leur pays comme une simple zone de transit pour les migrants venus d'Afrique subsaharienne. La Libye ambitionne de redevenir une terre d'accueil, comme elle l'était sous le régime de Mouammar Kadhafi. Un changement de paradigme qui arrange grandement l'Italie et l'UE, pressées de contenir les flux migratoires irréguliers depuis la Libye.
Cette évolution a été amorcée le 25 octobre, avec la signature d'un protocole d'accord entre Tripoli et Dacca pour faciliter l'arrivée de travailleurs bangladais. Le Bangladesh fournit déjà près de 24 000 migrants sur les 703 000 étrangers présents en Libye. L'idée est désormais d'encadrer et de régulariser ces flux de main-d'œuvre.
Si ce virage se confirme, il priverait les milices libyennes d'importants revenus liés au trafic de migrants.
Depuis 2021, le nombre de traversées clandestines a bondi, générant jusqu'à 300 000 dollars par bateau pour les passeurs. La conférence de novembre, si elle débouche sur des mesures concrètes, pourrait tarir ce juteux business. L'enjeu dépasse largement la sphère politique, dans un pays miné par les rivalités entre groupes armés.
Sophie K.