La discrimination flagrante envers les migrants subsahariens y est dénoncée avec force, révélant des « actes d'agressions physiques, de violences verbales et des expulsions de leurs logements », autant de maux qui les ont frappés de plein fouet.
Le meurtre tragique d'un Tunisien poignardé à mort par un migrant subsaharien a déclenché, le 2 juillet dernier, des affrontements d'une violence sans précédent, mettant cruellement en évidence la crise des migrants qui affecte la Tunisie depuis 2011.
Des milliers de réfugiés ont fui la Libye déchirée par la guerre pour trouver refuge dans des camps de fortune, confrontant ainsi la Tunisie à des défis humanitaires insurmontables.
Cependant, cette crise a malheureusement été entachée par des actes de répression et, parfois, de discrimination.
Le rapport récemment dévoilé par le Comité pour le respect des Libertés et des droits de l'homme en Tunisie (CRLDHT) met cruellement en lumière une série d'événements troublants qui se sont déroulés dans le pays, exposant ainsi une situation préoccupante et alarmante.
La discrimination flagrante envers les migrants subsahariens y est dénoncée avec force, révélant des « actes d'agressions physiques, de violences verbales et des expulsions de leurs logements », autant de maux qui les ont frappés de plein fouet.
En juin 2022, la situation s'est encore intensifiée lorsque le gouverneur de Sfax, Fakher Fakhfakh, a publiquement déclaré que « les migrants subsahariens ne seraient pas autorisés à être inhumés dans les cimetières musulmans », ajoutant ainsi une couche supplémentaire de discrimination à leur égard.
Mais ce n'est pas tout, le 5 juillet 2022, une scène violente a éclaté à l'aéroport entre des voyageurs subsahariens et les forces de police, suite à un retard de cinq jours de leur vol.
Dans ce contexte tendu, huit personnes ont été arrêtées, suscitant une profonde indignation de la part de l'Union des Étudiants et Stagiaires Sénégalais.
Cette organisation a vivement dénoncé le mépris et l'irrespect flagrants dont sont victimes les migrants subsahariens en Tunisie, attirant ainsi l'attention sur leur traitement inhumain.
Malgré ces événements préoccupants, le gouvernement dirigé par Najla Bouden a pris une décision choquante lors d'un Conseil ministériel le 23 décembre 2022 : celle d'expulser immédiatement les migrants de Choucha qui se trouvaient en Tunisie depuis 2011.
Cette décision a créé une onde de choc, remettant en question la protection des droits fondamentaux de ces personnes vulnérables et amplifiant la crise humanitaire dans laquelle elles se trouvent.
L’absence de cadre légal et institutionnel met en péril droits et dignité
La Tunisie se retrouve face à une réalité déconcertante.
L’absence de loi sur l’asile et l’insuffisance d’un système de traitement des demandes d’asile ont engendré une situation extrêmement précaire pour les migrants présents sur son territoire.
Cette lacune juridique et institutionnelle a laissé ces individus, sans mécanismes adéquats pour protéger leurs droits et leur offrir une voie légale vers une protection internationale.
Selon le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme, en l’absence de cadre légal clair, les demandes d’asile des migrants se retrouvent déposées auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui fait face à une charge de travail considérable et ne peut répondre à toutes les demandes dans des délais raisonnables.
Le discours discriminatoire de Kais Essaied envers les migrants
Une manifestation d'envergure s'est mobilisée contre le discours raciste et anti-migrants du président Kais Saïd, marquant une résistance collective face à l'intolérance et à la discrimination.
Ces protestations, soigneusement organisées sur les réseaux sociaux avaient pris, pour rappel, pris une ampleur sans précédent à la suite d'un communiqué officiel émanant de la présidence de la République, diffusé par le Conseil de la sûreté nationale le 21 février 2023.
Ce communiqué a choqué l'opinion publique en affirmant que la présence de migrants clandestins d'Afrique subsaharienne en Tunisie constituait une menace de « violence et de crimes ». Il a même suggéré que ces migrants étaient impliqués dans une « entreprise criminelle » visant à « altérer la composition démographique » du pays.
Une telle rhétorique discriminatoire et stigmatisante a alimenté un climat de haine et de préjugés à l'encontre des personnes d'origine subsaharienne.
Malheureusement, cette vague de préjugés s'est traduite par des actes de violence abominables.
Des personnes d'Afrique subsaharienne ou perçues comme telles ont été victimes d'agressions physiques et d'expulsions brutales de leurs logements.
Mais face à ces exactions, la mobilisation des manifestants s'est faite entendre haut et fort.
Les cris de ralliement tels que « À bas le fascisme » et « Non au racisme » ont résonné dans les rues, exprimant le rejet collectif des discours de haine et la demande d'excuses de la part du président.
Découverte macabre de corps à la frontière tuniso-algérienne
Le 11 avril 2023, une intervention policière brutale a eu lieu pour disperser les migrants qui manifestaient devant l'UNHCR en réponse à l'appel de l'organisation.
Cette opération a entraîné l'arrestation de plusieurs migrants, et certains ont même été poursuivis en justice.
Les événements se sont envenimés avec la tenue des procès les 24 et 26 avril 2023 à Tunis, exacerbant les tensions et les divisions déjà présentes au sein de la société tunisienne.
La situation s'est encore assombrie du 10 au 18 mai 2023, lorsque les autorités ont fait une découverte choquante au gouvernorat de Kasserine, à la frontière avec l’Algérie.
En effet, dix corps de migrants subsahariens ont été retrouvés, révélant une tragédie humaine d'une grande ampleur.
Ces terribles événements ont mis en lumière les dangers auxquels sont confrontés les migrants dans leur quête désespérée d'une vie meilleure, et ont ajouté une dimension sombre à la crise migratoire en Tunisie.
Sophie K