Le Collectif des familles de disparu.e.s en Algérie (CFDA) a réagi aux propos tenus par Samir Bouakouir, cadre du FFS, au sujet du procès de Khaled Nezzar.
Dans un communiqué publié ce mercredi 13 septembre, le Collectif des familles de disparu.e.s en Algérie (CFDA) a tenu à répondre à la position de Samir Bouakouir à propos de l’affaire Nezzar.
Conformément au principe de compétence universelle consacré dans le droit suisse, l'ancien ministre de la Défense de 1990 à 1993 peut être jugé à Genève pour des crimes commis hors du territoire helvétique, rappelle le CFDA.
Les familles de personnes disparues durant les années 1990, bien que n'étant ni parties civiles ni témoins dans l’affaire Nezzar, soutiennent activement les différents acteurs de ce procès historique.
Ayant été directement victimes de cette sombre période, elles luttent avec courage et détermination contre le déni de justice et pour la reconnaissance de la vérité sur ces crimes. Leur objectif est aussi d'éviter à tout prix que de tels actes ne se reproduisent, en mettant en place des garanties concrètes pour prévenir toute répétition des exactions passées. La justice suisse est parfaitement fondée à poursuivre Khaled Nezzar pour des exactions perpétrées durant la « sale guerre » des années 1990, même si les victimes sont de nationalité algérienne.
Le regretté leader du FFS, Feu Hocine Aït Ahmed n'a en effet jamais cessé d’appeler à traduire en justice tous les responsables présumés des crimes contre l’humanité durant les années 90, qu’ils soient agents de l’Etat ou islamistes armés.. « À ce titre, le général Khaled Nezzar n’est pas poursuivi par le Tribunal pénal fédéral pour ‘’erreur politique’’ comme M. Bouakouir le laisse entendre, mais pour crime de guerre et crimes contre l’humanité présumés », précise le CFDA.
L’histoire se répète !
Pourtant, comme le regrette le Collectif des Familles de Disparus en Algérie (CFDA), « l'histoire se répète » avec la répression orchestrée par le régime actuel contre la société civile, et ce notamment depuis le mouvement populaire du Hirak.
Depuis 2019, lors des marches pacifiques du Hirak, des milliers de citoyens algériens ont été et continuent d'être harcelés, intimidés, menacés, jetés en prison et condamnés à de lourdes peines. Aucune catégorie n'y a échappé - journalistes, avocats, militants des droits de l'homme, femmes, jeunes et moins jeunes. Certaines victimes ont même eu le courage de dénoncer publiquement dans l'enceinte des tribunaux les actes de tortures dont elles ont été victimes, souligne le CFDA.
Ce procès inédit doit donc absolument être soutenu pour briser l'insupportable loi du silence et de l'impunité, reconnaître officiellement les crimes passés et poser les jalons d'un État de droit digne de ce nom en Algérie.
Sophie K.