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Le massacre de Laghouat: Une mémoire douloureuse dans un contexte diplomatique tendu

Dans un climat de relations Algéro-francaises particulièrement dégradé, le 4 décembre 2024 marquera un tournant mémoriel potentiellement sensible. Une plaque commémorative installée à Paris révélera au grand public l'un des épisodes les plus sanglants de la colonisation française, le massacre de Laghouat perpétré le 4 décembre 1852.

 

Alors que les tensions diplomatiques entre Alger et Paris atteignent un niveau critique, cette reconnaissance historique intervient dans un contexte de crispations diplomatiques marquées par des désaccords récurrents sur l'héritage colonial et les enjeux migratoires.

 

Le 4 décembre 1852, la ville de Laghouat, située dans le sud algérien, devient le théâtre d'un affrontement militaire d'une violence inouïe. Une force expéditionnaire française de 6 000 soldats d'élite, placée sous le commandement des généraux Pélissier, Yusuf et Bouscaren, attaque une cité défendue par seulement 1 000 hommes faiblement armés.

 

Le bilan humain est dramatique : sur une population totale de 4 000 habitants, près de 3 000 sont massacrés. Cette opération militaire représente l'un des épisodes les plus brutaux de la conquête coloniale française en Algérie.

 

La reconnaissance de ce crime colonial aura nécessité plusieurs décennies de travail mémoriel. En février 2023, un groupe d'historiens et de personnalités publiques, parmi lesquels Benjamin Stora et Lilian Thuram, publient une tribune dans Le Monde, dénonçant cet événement historique longtemps resté dans l'ombre.

 

Malgré les tensions diplomatiques actuelles - marquées par des rappels d'ambassadeurs, des restrictions de visas et des contentieux persistants - le Conseil de Paris a adopté le 17 mars 2023 un vœu pour la reconnaissance officielle de ce massacre.

 

L'installation de la plaque commémorative rue de Laghouat, dans le quartier populaire de la Goutte d'Or, intervient comme un geste symbolique potentiellement fragile. Elle tente de s'inscrire dans une dynamique de reconstruction des relations franco-algériennes, alors même que les deux pays peinent à trouver un terrain d'apaisement.

 

Ce processus de reconnaissance mémorielle se déroule sur fond de tensions persistantes : contentieux migratoires, désaccords sur les archives coloniales, et incompréhensions diplomatiques marquent depuis plusieurs mois les relations entre Alger et Paris.

 

Les historiens impliqués soulignent que cette reconnaissance n'a pas pour objectif de rouvrir des blessures, mais de contribuer à une mémoire partagée. Un objectif ambitieux dans le contexte actuel de crispation diplomatique.

 

Cette commémoration représente ainsi un exercice diplomatique délicat : reconnaître un pan douloureux de l'histoire sans raviver les tensions actuelles, un équilibre aussi fragile que nécessaire.



Sophie K. 


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