"Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu l'historien français, M. Benjamin Stora, en visite en Algérie pour assister à la célébration du 60e anniversaire de l'indépendance, qui lui a remis, à cette occasion, un message écrit du président français, M. Emmanuel Macron", lit-on dans un communiqué de la Présidence de la République, ce mercredi 06 juillet.
L’historien plaide le refus de ce qu’il nomme la mémoire “hémiplégique” dans la colonisation et la guerre d’Algérie:
Benjamin Stora est historien et universitaire, enseignant à l’Université Paris 13 et à l’INALCO. Paraît France-Algérie, les passions douloureuses (Albin Michel, mars 2021), version en librairie du rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie que lui avait demandé Emmanuel Macron en juillet 2020 et qu'il avait remis à l’Élysée le 20 janvier 2021. Il a ensuite défendu ce rapport devant les députés le 5 avril 2021.
Ayant consacré la grande majorité de ses recherches à offrir une meilleure compréhension de cette guerre, ses prises de parole mêlent expérience personnelle et savoir historique.
À l’heure de la résurgence de vifs débats autour de la mémoire de la guerre et de la colonisation, Benjamin Stora revient souvent sur cette période complexe et montre l’importance du travail de mémoire mais aussi d’un regard critique sur notre histoire.
Né le 2 décembre 1950 à Constantine (Algérie), Benjamin Stora, est aussi Docteur en sociologie (1978), Docteur d'Etat en Histoire (1991), il a été le fondateur et le responsable scientifique de l'Institut Maghreb-Europe.
Fils d'Élie Stora et de Marthe Zaoui, il grandit dans la communauté juive de Constantine, où il assiste à la guerre d'Algérie. Ses parents s'exilent en juin 1962 en France métropolitaine.
Historien incontournable et auteur d'un rapport qui préconise plusieurs actions pour réconcilier les mémoires, Benjamin Stora insiste sur ces "passions douloureuses" qui lient encore la France et l'Algérie.
Au cours de la première campagne présidentielle (en 2017), Emmanuel Macron, de passage à Alger, avait qualifié la colonisation de "crime contre l'humanité".
L'historien confirmait alors l'héritage très lourd qui lie la France et l'Algérie et estime qu'Emmanuel Macron possède un avantage sur ses prédécesseurs ; celui de ne pas posséder de lien direct avec ce passé douloureux. "Il incarne une nouvelle vision du colonialisme. Une vision où la question de trancher ou non de la culpabilité des colonisateurs n'est plus un sujet."
Sur les ondes de France Inter, il avait déclaré: "Emmanuel Macron est né après la guerre d'Algérie et n'a pas de liens personnels physiques avec le Maghreb" .
Une position plus claire qui peut faciliter les relations entre les deux pays.
Lila MOKRI,
Paris, 06 Juillet 2022
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