Le Rassemblement national (RN) a réaffirmé sa volonté de supprimer le droit du sol en France, une proposition qui suscite de vives réactions dans le paysage politique français. Lors d'une conférence de presse le 24 juin, Jordan Bardella, président du RN, a présenté cette mesure comme faisant partie des « urgences » de son programme pour les élections législatives anticipées.
« Le droit du sol ne se justifie plus dans un monde à 8 milliards d'individus. Et alors que se multiplient sur notre sol les preuves quotidiennes de notre incapacité à intégrer et à assimiler », a déclaré Bardella, justifiant ainsi la position de son parti.
Cette proposition s'inscrit dans une série de mesures visant à durcir la politique migratoire française. Le programme du RN prévoit également la suppression des « dérogations qui empêchent les expulsions d'étrangers », le retour du délit de séjour irrégulier, et une restriction du regroupement familial.
Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale, avait déjà exprimé cette position en avril, affirmant que « la nationalité française devrait s'hériter ou se mériter ».
Un principe historique remis en question
La suppression du droit du sol représenterait un changement majeur dans la législation française. Ce principe, ancré dans le droit français depuis 1515, permet à l'enfant d'un étranger né et résidant en France de devenir français sous certaines conditions.
Patrick Weil, historien et politologue, a réagi dans une tribune publiée par Le Monde, soulignant l'importance historique et pratique de ce droit. « Même Vichy n'avait pas voulu le remettre en cause », écrit-il, rappelant que ce principe « offre à la très grande majorité des Français la preuve de leur nationalité, au moment du renouvellement de leurs passeport et carte d'identité, leur évitant les pires cauchemars administratifs ».
Weil met en garde contre les conséquences potentielles d'une telle suppression : « Cette suppression transformerait l'administration de cette preuve en un parcours presque insurmontable » pour de nombreux Français.
La proposition du RN relance ainsi un débat complexe sur l'identité nationale et l'immigration en France, opposant ceux qui voient dans le droit du sol un pilier de l'intégration républicaine à ceux qui le considèrent comme inadapté aux enjeux migratoires actuels. Alors que le pays se prépare à des élections législatives anticipées, cette question promet d'être au cœur des discussions politiques dans les semaines à venir.
En 2019, l'INSEE recensait 846 400 immigrés algériens résidant sur le territoire français. La même année, l'INED estime à 1 207 000 le nombre d'enfants d'immigrés algériens résidant en France, soit 2,1 millions de personnes sur deux générations.
Dès 1905, la main d’œuvre Algérienne est sollicitée en France métropolitaine, notamment dans la ville de Marseille.
Sophie K.